Facebook cherche à contrer le succès grandissant de son jeune rival Snapchat
Facebook cherche à contrer le succès grandissant de son jeune rival Snapchat
LE MONDE ECONOMIE
Le réseau social de Mark Zuckerberg a lancé une application destinée aux moins de 21 ans, cible de prédilection de son jeune rival.
Logo de l’application Lifestage, lancée par Facebook le 19 août et destinée aux moins de 21 ans. | FACEBOOK
Décidément, Facebook semble bien avoir Snapchat dans le viseur. Le réseau social de Mark Zuckerberg ne cesse de dégainer de nouvelles fonctionnalités ou services plus ou moins calqués sur ceux de son jeune rival pour contrer son succès grandissant. Dernier exemple en date, Lifestage, une application lancée vendredi 19 août par la firme de Menlo Park (Californie), qui s’adresse uniquement aux moins de 21 ans.
Une contre-attaque nécessaire, la popularité de Snapchat auprès des plus jeunes lui faisant de l’ombre. « Facebook reste le réseau social sur lequel les particuliers passent le plus de temps avec leurs mobiles mais Snapchat séduit de plus en plus, particulièrement les adolescents et les jeunes adultes », analyse Jan Dawson chez Jackdaw Research.
La nouvelle arme de Facebook pour rester connecté avec ces publics sort tout droit de l’imagination d’un petit génie de 19 ans, Michael Sayman, en poste chez Facebook depuis deux ans. Avec Lifestage, il a conçu un réseau social consacré exclusivement aux collégiens et aux lycéens. Son principe ? Les utilisateurs postent de courtes vidéos d’eux, enrichies de filtres, pour montrer leurs goûts, leurs humeurs, etc. « En 2004, il était question avec Facebook de dire “qui je suis”. (… ) Aujourd’hui, alors que Facebook est devenu tellement plus, nous voyons la possibilité d’explorer de nouveau ce concept, mais pour la génération Z [ceux nés après 1995] en 2016 », précise Michael Sayman sur le réseau social.
Tentative de rachat
Il ne s’agit pas de la première incursion de Facebook sur les terres de Snapchat. Début août, le réseau social Instagram, propriété de l’entreprise californienne, lançait Stories, une fonctionnalité permettant de publier des photos et vidéos disparaissant au bout de vingt-quatre heures. Une copie quasi identique de Snapchat, ce dont le PDG et cofondateur d’Instagram, Kevin Systrom, ne s’est d’ailleurs pas caché, en précisant, le 2 août sur le site TechCrunch, que « tout le crédit » revenait à… Snapchat.
Faut-il y voir une provocation de Facebook ?
« La compétition entre les réseaux sociaux est rude et Snapchat représente dans une certaine mesure une menace pour Facebook, d’autant que l’entreprise développe désormais des outils pour monétiser son application auprès des publicitaires, remarque Bob O’Donnell chez Technalysis Research. Facebook a les moyens de tenter de nouvelles choses pour capter l’intérêt des plus jeunes, c’est pourquoi il multiplie les nouveautés à leur intention. »
Avec plus ou moins de succès… En décembre 2012, Facebook avait sorti Poke, une application permettant d’envoyer des messages éphémères, finalement abandonnée en 2014 faute d’avoir trouvé son public. Cette même année, le réseau social avait alors fait une nouvelle tentative avec Slingshot, une autre messagerie éphémère. Passé l’effet de mode lors de son lancement, l’application était elle aussi rapidement tombée aux oubliettes. Quelques mois auparavant, Mark Zuckerberg avait même tenté de racheter Snapchat pour 3 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros), mais s’était vu opposer une fin de non-recevoir de son cofondateur Evan Spiegel.
Sous les coups de boutoir du géant Facebook, qui compte plus de 1,7 milliard d’utilisateurs, Snapchat avec ses 150 millions d’aficionados a-t-il les capacités de résister ? « Même si Facebook propose des fonctions similaires, il peut compter sur une base d’utilisateurs fidèles. C’est un peu comme la rivalité entre Pepsi et Coca-Cola », juge Bob O’Donnell. Pour faire face, Snapchat doit donc continuer d’innover, et notamment parvenir à trouver une stratégie efficace pour générer des revenus publicitaires. Le 2 août, il a ainsi lancé des stickers géolocalisés et qui peuvent être sponsorisés par les marques. Preuve que le Petit Poucet n’entend pas se laisser faire.