Déraillement mortel du TGV Est : les erreurs de Systra, filiale de la SNCF
Déraillement mortel du TGV Est : les erreurs de Systra, filiale de la SNCF
Le drame avait causé 11 morts en novembre 2015. L’organisation des essais était « imparfaite », selon un rapport que s’est procuré « Le Parisien ».
La rame accidentée à Eckwersheim, au lendemain de l’accident du 14 novembre 2015. | FREDERICK FLORIN / AFP
La mauvaise organisation de Systra, filiale de la SNCF, est pointée par un rapport confidentiel après le déraillement d’une rame d’essai du TGV Est qui a fait 11 morts le 14 novembre 2015. « Les conditions de mise en œuvre de ces essais sont imparfaites », estiment les experts du cabinet Technologia, dans leur enquête pour le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) que s’est procurée Le Parisien.
Le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) avait déjà conclu que la vitesse excessive était à l’origine du déraillement survenu à Eckwersheim, en Alsace. Mais lors de ces essais en survitesse, le cabinet Technologia s’interroge sur la désactivation des systèmes de limitation automatique de la vitesse. « Peut-on laisser le contrôle et la conduite d’une machine de près de 400 tonnes, évoluant à des vitesses pouvant aller jusqu’à 352 km/h, à la seule appréciation d’une personne, aussi expérimentée soit-elle ? »
« Manque de rigueur » sur le commandement
Les experts se sont aussi étonnés du flou des documents qui réglementent les essais, en particulier celui qui indique que c’est au chef d’essais d’ordonner de réduire la vitesse, alors que celui-ci n’est pas dans la cabine de pilotage mais à l’arrière. « En a-t-il les moyens ? Quel peut être son temps de réaction ? »
Le rapport adressé au CHSCT déplore aussi le « manque de rigueur » dans la chaîne de commandement, qui ne précise pas suffisamment les liens de subordination entre les employés de Systra et ceux des branches SNCF. Le cabinet Technologia précise toutefois que les organisations des essais se sont améliorées depuis le drame.
Parmi les autres dysfonctionnements, le cabinet revient sur la présence d’invités à bord du TGV d’essai, alors que le règlement l’interdit. Dans le rapport, une photo prise dans la cabine montre que quatre personnes étaient autorisées à l’avant. Or, elles étaient sept au moment où s’est produit le déraillement, qui a coûté la mort à deux de ces « invités ».