Les retraités japonais rattrapés par le Brexit
Les retraités japonais rattrapés par le Brexit
LE MONDE ECONOMIE
Le fonds de pension public japonais a annoncé avoir perdu 5 200 milliards de yens (45 milliards d’euros), soit la pire performance depuis sa création, en 2001.
Norihiro Takahashi, le président du fonds public japonais de gestion des retraites, le 27 juillet 2016. | KAZUHIRO NOGI / AFP
Dans un pays où la proportion des plus de 65 ans atteignait 26,3 % de la population en 2015, l’annonce du fonds public japonais de gestion des retraites a de quoi inquiéter. Le GPIF, qui gère l’épargne retraite de 59,3 millions de travailleurs, a révélé, vendredi 26 août, avoir perdu 5 200 milliards de yens (45 milliards d’euros) entre avril et juin. Soit la pire performance depuis sa création, en 2001. En cause, la mauvaise tenue des marchés financiers. « Le résultat du référendum britannique sur la sortie de l’Union européenne a été différent des attentes des marchés, a déclaré le président du fonds, Norihiro Takahashi. Et les chiffres de l’emploi américain en mai ont été plus mauvais que prévu. » A cela s’est ajoutée la hausse du yen face au dollar et à l’euro depuis le début de l’année, et donc la dégradation des résultats des entreprises.
Le fonds gérait fin juin 129 701 milliards de yens, dont 21,31 % sont placés sur des marchés étrangers et 21,06 % sur les marchés nippons, ce qui en fait l’un des plus gros investisseurs en actions de la planète. Le reste se répartit principalement en bons des gouvernements japonais (39,16 %) et étrangers (12,95 %).
La part réservée aux actions étrangères a fortement augmenté depuis octobre 2014. A l’époque, le gouvernement de Shinzo Abe a poussé le GPIF à prendre plus de risques en réduisant la part des placements dans les bons du Trésor nippon, à faible rendement, au profit de placements en actions étrangères. De moins de 12 % du total des investissements en 2014, le gouvernement voulait qu’ils passent à environ 25 %. Or, ironie de l’histoire, entre avril et juin de cette année, seuls les bons du gouvernement japonais ont terminé en territoire positif…
Depuis cette année-là, le GPIF a vu ses avoirs baisser de 0,42 %, soit une perte de 1 100 milliards de yens. Les gérants rappellent cependant qu’il s’agit de pertes non réalisées. La gestion se fait « sur le long terme », souligne l’institution, et « ses performances doivent être appréciées de ce point de vue ». De fait, depuis le commencement de ses activités en 2001, le fonds a accumulé environ 40 000 milliards de yens de gains.