Laurent Berger dénonce un « climat politique dangereux »
Laurent Berger dénonce un « climat politique dangereux »
Le secrétaire général de la CFDT estime que « certains sont en train de fracturer la société autour de tensions qui n’ont pas lieu d’être ».
Portrait de Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT depuis novembre 2012. | JULIEN DANIEL / MYOP POUR LE MONDE
Alors que s’engage, à droite et à gauche, la campagne pour les primaires en vue de l’élection présidentielle de 2017, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, s’inquiète, dans un entretien au Monde, du climat politique qui règne en France, qu’il qualifie de « dangereux ». Il appelle la classe politique à mieux maîtriser sa parole. Sur le plan social, M. Berger souhaite une publication des décrets de la loi travail qui, rappelle-t-il, « crée de nouveaux droits pour les salariés ».
- Sur la rentrée politique :
« Je dis aux politiques : attention, ne jouez pas avec des allumettes près du gaz. Quand on voit les polémiques nées après les terribles attentats de l’été et au sujet du burkini, il faut sonner l’alerte. Certains politiques sont en train de fracturer la société autour de débats, de tensions qui n’ont pas lieu d’être, au détriment des vrais problèmes. Il n’est pas trop tard pour appeler la classe politique à un peu de maîtrise de sa parole. »
- Sur le climat social :
Laurent Berger estime que « le climat social est toujours tendu », avec « un chômage extrêmement élevé et une situation préoccupante dans plusieurs secteurs ». Il assume le soutien de la CFDT à la loi travail et souhaite que « les décrets sortent pour une application concrète des droits obtenus ».
Et il s’en prend au Medef : « Le problème du Medef, ce n’est pas sa crise interne – sur laquelle je n’ai pas à me prononcer –, c’est sa crise de créativité. Il est enfermé dans son vieux logiciel : moins de règles, moins de contraintes, moins de coûts afin de « libérer » les investissements et l’emploi. (…) Le Medef est déjà dans une posture de lobbying post-présidentiel. On ne peut pas mettre l’année qui vient entre parenthèses ».
- Sur le bilan du quinquennat de François Hollande :
Le secrétaire général de la CFDT juge « préoccupant » le « recul du consentement à l’impôt. Il y a un péché originel qui est de ne pas avoir redit le rôle de l’action publique et la nécessité de la financer. L’absence de réforme fiscale est extrêmement dommageable. Il aurait fallu une réforme fiscale qui aurait permis de rendre l’impôt juste et valorisé au regard de ses effets pour les citoyens ».
- Sur l’élection présidentielle :
La CFDT va faire avec un collectif, Les places de la République, qui regroupe plusieurs associations, des « propositions partagées de la société civile ». Sur son positionnement, Laurent Berger indique : « La CFDT va être fidèle à sa ligne ni neutre ni partisane à l’égard des partis républicains. Mais elle va clairement affirmer que le Front national est un parti dangereux, pour les travailleurs, pour notre société et pour l’avenir. (…) Lutter contre le FN requiert des partis dits “de gouvernement” qu’ils n’allument pas des controverses sur des sujets qui divisent notre société et stigmatisent une partie de la population. »