L’application officielle d’alerte attentat SAIP à nouveau sous le feu des critiques
L’application officielle d’alerte attentat SAIP à nouveau sous le feu des critiques
Par William Audureau, Julia Pascual
Cette application gouvernementale a connu son deuxième couac majeur après celui survenu lors de l’attentat de Nice, en relayant samedi un canular à ses utilisateurs.
C’est l’histoire grinçante d’une application qui – pour l’instant – ne fonctionne pas lorsqu’un attentat est commis, mais déclenche l’alarme pour un canular. Dimanche 18 septembre, les internautes étaient nombreux à ironiser sur le nouveau dysfonctionnement de SAIP, le « système d’alerte et d’information des populations », qui a relayé durant trente-quatre minutes une fausse alerte.
Samedi 16 septembre à 16 h 14, l’application créée pour le compte du gouvernement se déclenche, évoquant un attentat dans une église du 1er arrondissement de Paris.
Pendant trente-quatre minutes, l’application SAIP a signalé un attentat samedi 17 septembre. | Capture d'écran
A 16 h 48, un tweet du compte officiel de la préfecture de police annonce qu’il n’y a en fait « aucun danger à signaler » – non sans que l’activation de l’application ait suscité la confusion dans la population. L’alerte, révéleront les forces de l’ordre, avait été donnée en raison d’un « appel malveillant », que deux mineurs ont depuis revendiqué.
Comment suivre la recommandation officielle du gouvernement d’éviter « la propagation de rumeurs » quand l’application officielle alerte attentat s’active elle-même pour un canular ? « Un raté », « pas très rassurant », « cela ne va pas aider à crédibiliser l’outil »… sur les réseaux sociaux, les messages d’amertume ne manquaient pas, d’autant que SAIP n’en est pas à son premier couac.
Le précédent niçois
Le vendredi 14 juillet, l’application n’avait déclenché l’alerte attentat que près de deux heures après la tuerie de la promenade des Anglais, qui a fait 86 morts. Une enquête de dysfonctionnement avait alors été lancée à l’initiative de Bernard Cazeneuve. Une panne technique la veille de l’attentat, combinée à une infrastructure minimaliste et des procédures de débogage non testées avaient expliqué ce faux pas.
Deux mois plus tard, celle qui avait mis tant de temps à se déclencher s’est donc signalée par son zèle et sa précipitation, estiment ses détracteurs.
A gauche : l'appli SAIP pendant l'attentat de Nice.
A droite : l'appli SAIP pendant la fausse alerte à Chatelet. https://t.co/outePuYRgA
— Gauchrep (@Gauthier Repetto)
Cette fois, nul dysfonctionnement technique au niveau de l’opérateur, mais un choix de la préfecture de police. Le ministre de l’intérieur a publiquement évoqué une activation « par précaution ». Joint par Le Monde, l’entourage de Bernard Cazeneuve justifie cette décision par la volonté de s’assurer que « les personnes présentes dans le périmètre de l’église faisant
l’objet de l’alerte s’en tiennent éloignées ».
Les critiques envers l’alerte donnée ont d’ailleurs été plus mesurées qu’en juillet, certains – comme l’ancien porte-parole du ministre de la justice, Guillaume Didier – estimant logique, au nom du principe de précaution, que l’application ait été activée dès lors qu’une suspicion d’attentat existait.
Pas lieu à polémique sur l'alerte donnée par l'appli gouvernementale #SAIP. Il y avait suspicion d'attentat justifiant une mise en garde ??
— GuillaumeDIDIER (@Guillaume DIDIER)
Beauvau rappelle par ailleurs que l’application « ne se substitue pas [aux réseaux sociaux], ni aux médias, ni aux autres sources d’information ». Reste désormais à voir si les utilisateurs de l’application conserveront leur confiance en celle-ci si une prochaine alerte se produit.