Habemus François
Habemus François
Par Alain Constant
Dans un film en deux volets, Hugues Nancy tente de cerner la personnalité du pape argentin élu en mars 2013 (dimanche 25 septembre à 23 heures sur France 2).
[Bande-annonce] François, le pape qui veut changer le monde partie 2 - Infrarouge France 2
Durée : 00:37
Dans un film en deux volets, Hugues Nancy tente de cerner la personnalité du pape argentin élu en mars 2013.
Imaginez un homme de 76 ans qui, estimant que sa carrière touche à sa fin, a déjà réservé sa place dans une institution pour y couler une retraite méritée après une vie bien remplie au service de Dieu et des déshérités. A la faveur d’une démission inattendue (celle de Benoît XVI), suivie d’un vote, le voici sacré pape. En quelques semaines, l’homme d’Eglise presque retraité devient l’une des personnalités les plus populaires de la planète.
Ce scénario a été vécu, en février 2013, par Jorge Mario Bergoglio, cardinal argentin, dont la victoire surprise face aux deux favoris conservateurs qu’étaient les archevêques de Milan et de Sao Paulo, va stupéfier les observateurs. Lors de la campagne électorale à la mode vaticane, Bergoglio, qui n’a rien à perdre, fait entendre sa voix : « Il faut que l’Eglise sorte pour aller vers les périphéries », lance-t-il. Ainsi soit-il. Le premier prêtre jésuite et non européen est élu.
Choc spirituel à 17 ans
Peut-on dire, dès lors, qu’une révolution est en marche ? Pas si simple. Car sur des sujets qui fâchent, tel l’avortement, François ne renverse pas encore la table. « J’ai tout de suite senti que ce nouveau pape avait une capacité sans précédent à entrer en relation avec les foules », souligne Hugues Nancy, réalisateur de ce documentaire en deux parties, qui décortique la vie du jésuite au sourire chaleureux et aux idées bien arrêtées. Des témoignages d’hommes d’Eglise, de journalistes spécialisés, des archives, notamment argentines, font progressivement émerger une personnalité complexe.
En février 2013, la victoire surprise de Jorge Mario Bergoglio, cardinal argentin, face aux deux favoris conservateurs qu’étaient les archevêques de Milan et de Sao Paulo, va stupéfier les observateurs. | © OBSERVATORE ROMANO
Si le début du film revient en détail sur les conditions dans lesquelles il a été élu, le plus passionnant concerne sa vie en Argentine. Petit-fils d’immigrés piémontais antifascistes venus s’installer à Buenos Aires en 1929, Jorge Mario Bergoglio, né en 1936, est un adolescent fasciné par Juan Peron. Le choc spirituel a lieu à 17 ans, quand il ressent le besoin vital de se confesser, entre dans l’église du quartier de Flores et en ressort avec la certitude qu’il deviendra prêtre.
La suite, c’est l’engagement au sein de la Compagnie de Jésus. Bergoglio découvre l’extrême pauvreté lors de ses humanités au Chili, dans les bidonvilles de Santiago. Ordonné prêtre à 32 ans, nommé à la tête des communautés jésuites argentines, son rôle lors de la dictature (1976-1983) est évoqué. Ainsi on apprend qu’il a aidé à « exfiltrer » des dizaines d’opposants au régime militaire. Dans un pays où une partie de l’Eglise s’affichait clairement aux côtés des tortionnaires, l’information n’est pas anodine.
François, le pape qui veut changer le monde, de Hugues Nancy (Fr., 2015, 2 x 60 min). le dimanche 25 septembre à 23 heures sur France 2. Rediffusion du premier volet le mardi 11 octobre à 5 h 20 et du second volet le mardi 18 octobre à 5 h 20.