La première ministre britannique, Theresa May, devant le congrès du Parti conservateur, à Birmingham, le 2 octobre 2016. | OLI SCARFF / AFP

Une forme de soulagement. Cette « déclaration apporte une clarté bienvenue sur le démarrage des discussions sur le Brexit », a tweeté Donald Tusk, le président du Conseil européen, dimanche 2 octobre, après l’annonce de la première ministre britannique, Theresa May, qu’elle enclencherait avant la fin mars 2017 l’article 50 du traité de Lisbonne qui permet la sortie de l’Union européenne.

A Bruxelles, Paris, Berlin ou Bratislava, on avait fait passer des messages fermes : d’accord pour laisser à Londres un peu de temps pour définir une stratégie. Mais pas question d’attendre trop : la procédure de divorce dure deux ans, et il serait inimaginable qu’elle ne soit pas achevée pour les élections européennes du printemps 2019.

Mais les propos de Mme May ne rassurent pas complètement les Européens, de plus en plus nombreux à craindre un « hard Brexit ». La première ministre a beau avoir assuré, dimanche, que la transition se ferait « en douceur », ils savent que sa marge de négociation est très étroite : si elle veut limiter l’immigration, le pays n’aura plus accès au marché intérieur européen. Après avoir beaucoup évoqué le précédent des modèles norvégien et suisse, des pays conservant des liens politiques forts avec l’UE, c’est maintenant le modèle canadien, un simple accord de libre-échange, qui revient le plus dans les discussions…

Pas une promenade de santé

Personne à Bruxelles ne s’attend à une promenade de santé, les Britanniques étant réputés pour être d’excellents négociateurs, et les Européens ayant beaucoup à perdre de leur côté : s’ils font trop de concessions à Londres, c’est l’attrait pour l’Union qui risque d’être sérieusement entamé. Pas question cependant d’entamer les discussions avant que l’article 50 soit effectivement activé. Au Conseil et à la Commission, des consignes précises et écrites ont été passées dans ce sens.

Du côté de la Commission, le Français Michel Barnier a coiffé officiellement sa casquette de « M. Brexit » le 1er octobre. Nommé directeur général, il reportera directement à Jean-Claude Juncker, dont il est proche. Il a constitué une petite équipe (avec une Française directrice de la stratégie et une Allemande comme sous-directrice), chargée de coordonner les travaux des différentes administrations de la Commission impliquées dans les futures discussions.

Au Conseil européen, la « task force » Brexit est prête depuis le milieu de l’été. Pilotée par un diplomate belge, Didier Seeuws, elle a commencé à évaluer l’impact d’un Brexit, sujet par sujet (défense, coopération antiterroriste, budget, etc.). Elle devrait avoir un rôle plus politique, l’expertise technique étant plutôt du ressort de la Commission (et de ses 33 000 fonctionnaires). Enfin, au Parlement européen, le chef du parti libéral, Guy Verhofstadt, a été désigné pour défendre les intérêts de l’hémicycle, qui aura à valider le futur accord.

Jean-Claude Trichet : l’annonce par Theresa May d’un calendrier pour le Brexit « est une bonne nouvelle »
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