L’ancien président brésilien (2003-2011) Luiz Inacio Lula da Silva lors d’un congrès à Rio de Janeiro, le 4 octobre 2016. | YASUYOSHI CHIBA / AFP

La police fédérale brésilienne (PF) a présenté mercredi 5 octobre devant le parquet une nouvelle accusation contre l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva pour corruption passive : il aurait usé de son influence pour favoriser le géant de la construction Odebrecht dans des contrats en Angola en échange de pots-de-vin.

« Les preuves recueillies pendant dix mois d’enquête montrent que Odebrecht aurait versé [en 2012] 20 millions de réais [équivalent à 8,5 millions d’euros actuellement] à l’entreprise Exergia », affirme la PF dans un communiqué.

Or, il se trouve qu’un des associés d’Exergia, qui a passé un contrat avec la société de construction pour des travaux de modernisation de la centrale hydroélectrique Cambambe, en Angola, est Taiguara Rodrigues, un neveu de Lula. Selon les enquêteurs, ce dessous-de-table de 20 millions de réais versé aurait atterri dans la poche de l’ancien chef de l’Etat et de son neveu.

Victime d’un complot « des élites »

Les accusations contre l’ex président, icône de la gauche latino-américaine, se basent sur l’« opération Janus », qui enquête sur des irrégularités dans le financement par la banque publique BNDES de chantiers en Angola.

D’après les investigations, Lula, 70 ans, aurait facilité le prêt de BNDES à Odebrecht, le plus grand groupe de BPT d’Amérique latine, qui est impliqué dans le tentaculaire scandale politico-financier Petrobras.

Le parquet devra maintenant décider de requérir une condamnation ou non devant le juge. Dans un communiqué, l’Institut Lula qui représente l’ancien président, a indiqué que ce dernier avait toujours agi dans le cadre de la loi.

« On enquête sur [sa] vie depuis 40 ans, sur ses comptes et ceux de sa famille ; ses secrets bancaire, fiscal et téléphonique ont été levés et aucune irrégularité n’a été trouvée. Lula n’occupe plus de fonction publique depuis le 1er janvier 2011 et a toujours agi en conformité avec la loi, pendant et après ses deux mandats comme président de la République. »

Le 20 septembre dernier, un juge fédéral avait annoncé que Lula serait jugé pour corruption et blanchiment d’argent dans un volet de l’affaire Petrobras. L’intéressé toujours rejeté les charges contre lui et dénonce leur caractère politique : elles viseraient à l’éliminer de la course à la présidentielle de 2018.

Il se dit victime d’un complot « des élites », dans la continuité du « coup d’Etat » parlementaire contre la présidente Dilma Rousseff, destituée par le Sénat le 31 août pour maquillage de comptes publics.