« Alléchant » ou « absurde » : Facebook présente une application sociale de réalité virtuelle sur Oculus
« Alléchant » ou « absurde » : Facebook présente une application sociale de réalité virtuelle sur Oculus
Par Morgane Tual
Mark Zuckerberg a présenté une application permettant d’échanger à distance avec ses amis, matérialisés en avatars, à l’aide d’un casque de réalité virtuelle.
Alors que Playstation s’apprête à sortir, le 13 octobre, son casque de réalité virtuelle (VR), Facebook est passé à l’offensive jeudi 6 octobre, lors d’une conférence à San José, en Californie. Mark Zuckerberg, le patron de l’entreprise a présenté le futur de l’Oculus, le casque de VR appartenant à Facebook. Avec une démonstration hors du commun : sur scène, il a enfilé son casque et a montré comment il pouvait, en réalité virtuelle, échanger à distance avec des amis matérialisés en avatars.
Dans cette démonstration, les utilisateurs discutent entre eux, jouent aux échecs ou aux cartes, et s’amusent avec des épées et des sabres laser qu’ils ont pu dessiner eux-mêmes. Le visage de leur avatar, qui rappelle les personnages de Miitomo, le réseau social lancé cette année par Nintendo, peut exprimer plusieurs émotions, que l’utilisateur déclenche avec les contrôleurs Oculus Touch. Ils peuvent se téléporter ensemble dans différents « univers » : une photo en 360 degrés de la planète mars, une vidéo sous-marine peuplée de requins, et même la maison de Mark Zuckerberg, pour vérifier en direct que son chien se porte bien.
Le fondateur de Facebook a aussi montré qu’il était possible d’ajouter des écrans à l’écran : les utilisateurs peuvent regarder un film ensemble sur un écran virtuel, répondre à de (vrais) appels vidéos sur Facebook Messenger et même prendre des selfies… Avec un « selfie stick ».
« Ce qui compte, c’est avec qui vous êtes »
On ne sait pas pour le moment à quel stade de développement en est ce service à la fois fascinant et dérangeant, ni comment il fonctionnerait en conditions réelles, hors du cadre bien borné des démonstrations officielles. Mais il concrétise néanmoins la volonté forte de Facebook de miser sur la VR (virtual reality – « réalité virtuelle ») sociale, à l’heure où l’un des principaux reproches faits à cette technologie est justement son individualisme. Beaucoup de détracteurs de la VR estiment ainsi que la réalité virtuelle comme loisir est vouée à l’échec car elle prive ses utilisateurs du plaisir de l’interaction sociale. « L’idée est que la réalité virtuelle soit d’abord au sujet des gens », défend au contraire Mark Zuckerberg dans un post Facebook. « Ce qui compte, c’est avec qui vous êtes. »
Cette application ressemble d’ailleurs à un mélange étonnant entre Facebook et la VR – elle reprend le code couleur de Facebook et intègre certaines fonctionnalités du réseau social, dont Messenger. Le milliardaire avait déjà annoncé, au moment du rachat d’Oculus par Facebook en 2014, son intention d’en faire un outil social :
« C’est vraiment une nouvelle plate-forme de communication. En sentant vraiment la présence des autres, vous pouvez partager des espaces et des expériences sans limites avec les gens qui font partie de votre vie. Imaginez que vous puissiez partager en ligne avec vos amis non seulement des instants, mais des expériences et des aventures complètes. »
D’autres projets de VR sociale
« Alléchant » pour les uns, « absurde » pour les autres, le projet de Facebook n’est pas le seul à être consacré à la réalité virtuelle sociale. Quelques entreprises, comme AltspaceVR ou vTime, essaient elles aussi de se lancer sur le créneau. Tout comme… Second Life, la plate-forme qui avait tant fait parler d’elle il y a une décennie, dans laquelle les utilisateurs, représentés par un avatar configurable à l’infini, pouvaient effectuer un nombre incalculable d’actions dans un monde virtuel. Le PDG de Linden Lab, qui développe Second Life, avait expliqué au Monde en avril que son entreprise travaillait à créer une plate-forme similaire compatible avec la VR, dénommée pour l’instant Project Sansar.
Mais contrairement à ces entreprises, Facebook dispose déjà d’une base d’utilisateurs potentielle considérable, avec le milliard et demi de personnes qui composent son réseau. A condition, bien entendu, qu’elles acceptent de se doter de ce casque : à 699 euros, sans compter le prix de l’ordinateur capable de le faire fonctionner, rien n’est moins sûr.