La situation à Alep-Est examinée en urgence par le Conseil de sécurité de l’ONU
La situation à Alep-Est examinée en urgence par le Conseil de sécurité de l’ONU
Le Monde.fr avec AFP
L’organe exécutif des Nations unies doit se réunir vendredi à la demande de Moscou, pour aborder le cas des quartiers rebelles de la métropole syrienne.
Dans le quartier rebelle de Boustane Al-Bacha, cible d’une offensive des forces du régime de Bachar Al-Assad, le 6 octobre. | - / AFP
Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir en urgence vendredi 7 octobre, à la demande de la Russie, pour entendre un compte rendu de l’envoyé spécial pour la Syrie sur la situation à Alep-Est. L’émissaire onusien, Staffan de Mistura, participera à ces discussions par vidéoconférence depuis Genève.
Jeudi soir, lors d’une conférence de presse, il a estimé que les quartiers de la zone orientale de la ville, tenus par les rebelles, pourraient être « totalement détruits » d’ici la fin de l’année si le régime syrien et Moscou poursuivaient leur offensive militaire. « Nous parlons de la vieille ville en particulier, et des milliers de civils syriens vont être tués », a-t-il insisté.
- Appel de l’ONU au Fateh Al-Cham
M. de Mistura a également lancé un appel aux combattants de l’organisation djihadiste Front Fateh Al-Cham (anciennement Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaida) pour qu’ils quittent l’est d’Alep : « Si vous décidez de partir en dignité et avec vos armes (…) je suis personnellement prêt à vous accompagner. »
Le diplomate a chiffré à près de 8 000 le nombre de combattants rebelles dans cette partie de la ville, dont 900 du Front Fateh al-Cham. D’après l’ONG Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), le nombre d’insurgés dans la localité est de 15 000, dont 400 du groupe djihadiste.
- Poursuite de l’offensive de Damas
L’opération aéroterrestre des forces loyales au régime du président Bachar Al-Assad a continué sans répit jeudi dans la métropole du nord syrien. Au lendemain de l’annonce de Damas d’une réduction de son intense campagne de bombardements, le régime a pris le contrôle de nouvelles positions rebelles.
Selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH, « les forces du régime se sont emparées de six positions majeures » dans le quartier de Boustane Al-Bacha. D’après l’organisation, elles progressent également vers le quartier voisin de Hellok et ont pris des bâtiments aux abords du quartier de Sakhour.
- 376 tués depuis le 22 septembre
Plus de 250 000 personnes vivent dans les quartiers d’Alep sous contrôle des rebelles et complètement assiégés par les troupes du régime. M. de Mistura a déclaré que 376 personnes avaient été tuées et 1 266 autres blessées par les bombardements massifs menés depuis le 22 septembre par l’armée syrienne et son allié russe. Cette offensive avait été lancée quelques jours après l’échec d’un cessez-le-feu initié par Moscou et Washington et qui n’avait tenu qu’une semaine. Ces derniers jours, les bombardements se sont calmés à mesure que se développait l’offensive terrestre des troupes pro-régime.
L’agence de presse officielle Sana a rapporté que huit personnes avaient été tuées par des tirs de roquettes de « groupes terroristes » sur un quartier de la partie gouvernementale d’Alep, utilisant le vocabulaire habituel du régime pour qualifier les rebelles. Selon l’OSDH, le bilan de ces tirs est de 11 morts et pourrait augmenter en raison du grand nombre de blessés, plus de 60, dont certains étaient dans un état critique.
- Assad plaide pour « la réconciliation »
Dans un entretien à la chaîne danoise TV2, le président Bachar Al-Assad a déclaré jeudi que la « meilleure option » pour Alep était « la réconciliation, comme dans d’autres zones », en référence à des villes ou quartiers où les insurgés ont conclu une trêve avec Damas. Sinon, les forces pro-gouvernementales continueront « à combattre les rebelles jusqu’à ce qu’ils quittent Alep », a-t-il prévenu. « Il n’y a pas d’autre option ». M. Assad a par ailleurs nié que ses forces aient délibérément ciblé des infrastructures sanitaires ou restreint l’aide aux civils, comme les en accusent les rebelles et les Occidentaux.
- La diplomatie dans l’impasse
Sur le plan diplomatique, l’impasse semble totale depuis l’interruption des discussions entre Washington et Moscou sur le rétablissement d’un cessez-le-feu. Des contacts sont toutefois maintenus entre le secrétaire d’Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault était par ailleurs jeudi à Moscou et doit se rendre vendredi à Washington. « Rien ne saurait justifier le déluge de feu et de morts » à Alep et « personne », y compris la Russie, « ne peut tolérer cette situation », a lancé le chef de la diplomatie française à M. Lavrov.
Ce dernier a affirmé être « prêt à travailler » au projet de résolution sur un cessez-le-feu à Alep que la France veut soumettre au Conseil de sécurité à l’ONU, à condition que ce texte ne contredise pas les « approches de principes fixées dans des accords russo-américains ». Les 15 membres du Conseil étudient depuis lundi ce projet que Paris veut déposer prochainement et que M. Ayrault va défendre à Washington.