Notre choix du soir : « Damoclès »
Notre choix du soir : « Damoclès »
Par Véronique Cauhapé
Un trentenaire maladroit et naïf se retrouve piégé par une prédiction qui va conditionner sa vie (sur Arte à 20 h 55)
Damoclès - bande-annonce - ARTE
Durée : 00:31
Paul (Manu Payet) a décidé de changer de mode de vie. Fini le smartphone, les faux amis, les sites de rencontre. Trentenaire célibataire attachant mais volage, Paul veut retrouver le plaisir du hasard, des choses simples et sincères. Or voilà qu’une rencontre vient à la fois satisfaire et contrarier son souhait. Lors d’une fête, une jeune femme un peu médium lui révèle qu’il va rencontrer le grand amour mais aussi commettre un meurtre. L’un ne pouvant arriver sans l’autre. Il ne faudra pas attendre longtemps pour que le chemin de Paul croise celui de Camille (Alma Jodorowsky) et que se concrétise la première partie de la prédiction. Car ces deux-là tombent fous amoureux l’un de l’autre. Ne reste plus à Paul qu’à tuer quelqu’un.
Jeunes bobos parisiens
Ecrit d’après une nouvelle d’Oscar Wilde, Le Crime de Lord Arthur Savile, le téléfilm de Manuel Schapira (également coscénariste avec Raphaël Chevènement et Delphine de Vigan), moque gentiment le milieu des jeunes bobos parisiens, là où l’écrivain irlandais se livrait à une satire mordante de la bourgeoisie victorienne.
Autant dire que le petit monde de ces trentenaires contemporains, égocentrés et frivoles, ne fournit pas matière à nourrir un discours politique à haute portée. Damoclès parvient néanmoins à distraire son public par un savant mélange de comédie et de suspense (traité sous forme de pirouettes narratives), et par la présence de seconds rôles qui pimentent les premiers. Certes, les personnages ne sont pas chargés d’une grande épaisseur, pas plus que le propos qu’ils véhiculent.
Manu Payet | Jean-Claude Lother
Il n’en demeure pas moins que le spectacle de Paul se débattant avec ce qu’il croit être désormais son « destin » – doutant dans un premier temps de la prophétie puis mettant tout en œuvre pour qu’elle se réalise – est prétexte à des cocasseries bien senties auxquelles Manu Payet prête sa bouille d’éternel gamin éberlué et inquiet, qui émeut autant qu’elle amuse. Tous les acteurs devraient d’ailleurs en savoir gré aux scénaristes, qui leur ont fourni une partition dégagée de lourdeurs et de temps morts. Chacun pouvant ainsi soutenir un rythme qui sied aux comédies et qui, dans ce cas précis, pallie l’absence critique du milieu dépeint.
Damoclès, de Manuel Schapira. Avec Manu Payet, Alma Jodorowsky, Laetitia Spigarelli, Claude Gensac (Fr., 2016, 96 min).