Donald Trump a publié un tweet rageur : « Je n’abandonnerai jamais la course, je ne laisserai pas tomber mes partisans. » | PAUL J. RICHARDS / AFP

Après la diffusion, vendredi 8 octobre, d’une vidéo tournée en 2005 dans laquelle Donald Trump profère des propos obscènes, une vingtaine de personnalités politiques du Parti républicain ont retiré leur soutien au candidat et lui ont demandé de ne plus les représenter dans la course à la Maison Blanche.

Mais toute tentative visant à remplacer le magnat immobilier sur les bulletins de vote rencontrerait de gigantesques obstacles juridiques et logistiques. Dimanche, Donald Trump a confirmé son intention de ne pas céder à la pression et de se maintenir dans la campagne.

(Les médias et l’establishment veulent tellement que je me retire de la course. JE NE ME RETIRERAI JAMAIS DE LA COURSE, N’ABANDONNERAI JAMAIS MES SUPPORTEURS.)

Pour faire bonne mesure, il a aussi raillé ceux qui lui tournent le dos : « Tant d’hypocrites moralisateurs. Regardez leurs résultats dans les sondages – et aux élections – au tapis ! », a-t-il lancé sur Twitter.

A moins d’un mois du scrutin présidentiel du 8 novembre, ce serait très difficile de remplacer Donald Trump par Mike Pence, son colistier actuel, ou par quelqu’un d’autre, analysent des stratèges républicains et des experts politiques américains.

Il est « pratiquement impossible de remplacer quelqu’un en août, alors octobre… », a dit Karl Rove, ancien conseiller politique du président George W. Bush, dimanche sur la chaîne Fox News.

Deux cas dans l’histoire récente

En 1972, Thomas Eagleton, le colistier du candidat démocrate à l’élection présidentielle George McGovern, avait été remplacé en août, par Sargent Shriver, après que le grand public eut appris qu’il avait été hospitalisé pour dépression.

En 2000, les électeurs du Missouri ont été confrontés, un mois avant un scrutin sénatorial, à la mort, dans un accident d’avion, du candidat démocrate Mel Carnahan. Le nom de ce dernier est cependant resté sur les bulletins de vote et l’homme décédé a remporté l’élection. Sa veuve, Jean Carnahan, avait été désignée pour occuper le siège.

Le parti républicain dispose d’une procédure, connue sous l’appellation de « règle numéro 9 », qui détaille la manière dont il peut remplacer un candidat en cas de décès ou de démission. Si le candidat se désiste, le Grand Old Party (GOP) peut convoquer une nouvelle convention pour sélectionner un nouveau candidat, ou laisser cette tâche au Comité national (la RNC).

Problèmes juridiques en vue

Mais une telle procédure risquerait de provoquer un chaos électoral, avec des avocats du Parti républicain devant se battre Etat par Etat pour effectuer les changements de dernière minute sur les bulletins de vote, alors que les dates limites ont expiré depuis longtemps dans de nombreux Etats.

Et il y a un casse-tête d’encore plus grande ampleur : les votes par anticipation. Environ 411 000 Américains ont déjà voté en personne ou par correspondance, selon Michael P. McDonald, un professeur de sciences politiques à l’université d’Etat de Floride. Le Washington Post précise que plus de 8 000 électeurs enregistrés comme républicains ont déjà voté dans le « swing State » de Caroline du Nord et 5 000 en Floride.

Donna Brazile, présidente du Comité national démocrate, a déclaré que le parti contesterait toute tentative des républicains pour remplacer Donald Trump, ajoutant que ce serait « très perturbant » pour les électeurs ayant déjà voté.

Malgré le scandale, Donald Trump est encore soutenu par sa base. Selon un sondage Politico/Morning Consult réalisé juste après la publication de la vidéo, 39 % des électeurs estiment que Donald Trump doit se retirer et 45 % qu’il doit rester. Sur ceux qui disent que Trump doit partir, seuls 12 % se disent républicains.