Deux hommes condamnés pour avoir dévoilé l’identité des frères Kouachi pendant leur traque
Deux hommes condamnés pour avoir dévoilé l’identité des frères Kouachi pendant leur traque
Le Monde.fr avec AFP
Dans la soirée du 7 janvier 2015, le journaliste Jean-Paul Ney avait notamment tweeté un cliché de la carte d’identité de Saïd Kouachi.
Le procureur de la République de Paris, François Molins, devant les locaux de Charlie Hebdo après l’attentat perpétré par les frères Kouachi. | KENZO TRIBOUILLARD / AFP
Le journaliste Jean-Paul Ney et un ancien de la DGSE (Direction générale du renseignement extérieur), Pierre Martiner, ont été condamnés mercredi 12 octobre par le tribunal correctionnel de Paris à une peine de 3 000 euros d’amende pour recel de violation du secret de l’enquête.
Le 7 janvier 2015, après l’attentat de Charlie Hebdo, ils ont diffusé sur les réseaux sociaux l’identité des frères Kouachi et d’un troisième homme, rapidement mis hors de cause, figurant dans la « diffusion nationale urgente » au sein de la police, ainsi qu’une fiche concernant Chérif Kouachi. Le procureur de la République de Paris, François Molins, avait déploré ces fuites, qui avaient ruiné « tout espoir de surprise » dans la traque des frères Kouachi.
Dans la soirée du 7 janvier, Jean-Paul Ney avait notamment tweeté un cliché de la carte d’identité de Saïd Kouachi, en écrivant : « On vous tient, enfants de putain (sic). » Tweetant la fiche « canonge » de Chérif Kouachi, il ajoutait : « moi, je publie jusqu’au bout. »
Pierre Martinet va faire appel, a déclaré son avocat, Me Henri de Beauregard, pour qui le jugement « en droit » est « extrêmement fragile ». Quand à Jean-Paul Ney, il « devrait » lui aussi faire appel, selon son conseil, Me Sevag Torossian. Pour lui, ce jugement « n’est conforme ni à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), ni à la nouvelle loi votée entre-temps ».
Impossible de retracer la première fuite
« L’un comme l’autre, de par leur activité professionnelle ou leur expérience, ne pouvaient ignorer » que ces éléments « ne peuvent provenir que d’une source policière soumise au secret de l’enquête », a souligné le tribunal.
Les juges ont toutefois estimé que la photo de la carte d’identité de Saïd Kouachi n’était pas nécessairement issue d’une violation du secret de l’enquête, « aucun élément ne permettant de déterminer sa traçabilité ».
Ainsi, l’une des policières poursuivie pour l’envoi de la seule photo de cette carte d’identité a été relaxée. La seconde policière poursuivie a également été relaxée, car il existe des « doutes sur la matérialité même de l’envoi » des documents litigieux.
L’enquête confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) n’a pu remonter jusqu’à la fuite initiale, qui avait permis aux deux policières poursuivies d’avoir les copies des documents. Mais elle a démontré que de nombreux policiers avaient reçu la photo de la carte d’identité de Saïd Kouachi, notamment pas l’intermédiaire du syndicat de police Alliance.