Plusieurs centaines de policiers manifestent en pleine nuit sur les Champs-Elysées
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Vingt-quatre heures après la manifestation-surprise de centaines de policiers en pleine nuit à Paris pour exprimer leur ras-le-bol, de nombreux agents restaient mobilisés mardi 18 octobre au soir à travers la France.

Une centaine d’entre eux se sont rassemblés, dans la nuit, à bord de leurs véhicules de service sur le Vieux-Port à Marseille. En grande majorité issus de la police nationale, ils ont stationné leurs voitures sur une zone piétonnière en bas de la Canebière vers 1 heure. Ils se sont ensuite rassemblés face à la mer et ont observé une minute de silence avant s’en aller dans le calme une demi-heure plus tard. Le mouvement n’est pas organisé par un syndicat, il est « spontané », a expliqué un manifestant.

A Evry, dans l’Essonne, ils étaient près de 400 à s’être réunis alors que le directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone recevait les chefs de brigade et de brigade anticriminalité (BAC) du département. Ils ont abondamment hué leur patron lorsqu’il est reparti en voiture, appelant à sa démission. Une soixantaine d’autres se sont rassemblés devant l’hôpital Saint-Louis à Paris où est soigné un agent grièvement blessé lors d’une attaque début octobre à Viry-Châtillon, qui a exacerbé la colère des policiers.

« Ce mouvement doit s’arrêter »

Le défilé de la veille sur les Champs-Elysées a poussé les autorités à adresser un ferme rappel à l’ordre aux agents. « Défiler avec des voitures de police et des gyrophares (…) n’est pas conforme à ce qu’est la déontologie de la police dans la République », a lancé au Sénat le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve. « Ils manifestent une exaspération que je comprends », a-t-il toutefois ajouté.

Plus tôt dans la journée, Jean-Marc Falcone avait saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN)la « police des polices » – après le rassemblement qui n’avait pas été déclaré au préalable à la préfecture et auquel ont assisté des officiers en service vêtu de leur uniforme. Une enquête a été ouverte pour « déterminer et préciser les manquements individuels aux règles statutaires ».

Dans la soirée, il a cependant « appelé à l’apaisement ». « Je comprends l’émotion des fonctionnaires de police. Je suis venu leur dire le soutien de la hiérarchie » après l’agression de leurs collègues, a-t-il ajouté, promettant de décider d’ici quinze jours « des suites à donner » à la procédure de l’IGPN.

« Maintenant ce mouvement de contestation doit s’arrêter. »

Le premier ministre Manuel Valls a réaffirmé le soutien du gouvernement et promis de « poursuivre sans relâche ceux qui s’en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l’ordre » après une série d’agressions, principalement en banlieue parisienne.

Les chefs de file des députés Les Républicains et celui de l’Union des démocrates et indépendants, Christian Jacob et Philippe Vigier, ont estimé que la manifestation de mardi était un signe de « ras-le-bol » et de « désespoir ». L’élu centriste a même évoqué une société « au bord de l’embrasement ». Le Front national a également apporté son « total soutien » aux agents qui se sont mobilisés.

Plus de moyens, davantage de fermeté

Dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs centaines de policiers avaient manifesté à Paris contre l’attaque de leurs collègues, le 8 octobre par un jet de cocktail Molotov à Viry-Châtillon. Quatre policiers avaient été blessés, dont deux grièvement par une dizaine de personnes qui avaient brisé les vitres de deux véhicules de police et les avaient incendiés en tentant de bloquer les policiers à l’intérieur. Un adjoint de sécurité de 28 ans grièvement brûlé était toujours entre la vie et la mort mardi, selon une source policière.

Le 11 octobre, plusieurs centaines de policiers s’étaient rassemblés en silence devant les commissariats de France, en solidarité, réclamant plus de moyens et davantage de fermeté.

Les forces de l’ordre ont également fait face ces derniers jours à un guet-apens dans le quartier sensible du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie dans les Yvelines, tandis qu’en marge d’une manifestation de soutien à de jeunes nationalistes corses à Bastia, plusieurs dizaines de personnes ont jeté des cocktails Molotov sur les officiers. Des tags antipolice ont aussi échauffé récemment les esprits. Mardi, une enquête a été ouverte après la découverte d’un nouveau graffiti sur le campus de l’université Paris-VI Pierre-et-Marie-Curie.