La première ministre britannique, Theresa May, le 2 novembre 2016 à Londres. | KIRSTY WIGGLESWORTH / AFP

Pour contourner une éventuelle fronde parlementaire, Theresa May pourrait employer les grands moyens : provoquer des élections législatives anticipées dès 2017. Depuis son accession à Downing Street à la fin juin, la première ministre a formellement écarté cette hypothèse : « Il ne devrait pas y avoir d’élections avant 2020, cela reste son opinion », a répété sa porte-parole, jeudi 3 novembre. Mais elle pourrait changer d’avis après l’obligation contraignante qui lui a été faite par la justice de consulter les députés. Plusieurs élus conservateurs ont évoqué cette perspective peu après la publication de l’arrêt de la Haute Cour de Londres.

En remettant le Parlement dans le jeu, la décision des juges souligne la faible légitimité démocratique de Mme May – arrivée au pouvoir sans élection générale après la démission de David Cameron après le vote en faveur du Brexit – tout en rouvrant la plaie ouverte par le résultat relativement serré du référendum (52 % contre 48 %), à droite comme à gauche.

Pour l’heure cependant, personne ne prédit une véritable obstruction des élus. Même s’ils ont exprimé dans le passé des positions anti-Brexit, les députés rechigneront sans doute à contrarier leurs électeurs qui ont voté majoritairement pour sortir de l’UE.

Flou du Labour

Mais, si les parlementaires se montrent trop exigeants sur les positions à défendre dans les négociations (accès au marché unique, liberté de circulation) et si les divisions entre tories réapparaissent trop vivement, la première ministre pourrait mettre tout le monde d’accord en convoquant les électeurs. Le flou des positions du Labour et l’impopularité de son leader, Jeremy Corbyn, pourraient alors achever de l’en convaincre. Tandis que Keir Starmer, porte-parole du Parti travailliste sur le Brexit, reconnaît qu’« il existe un mandat pour quitter l’UE », Owen Smith, député Labour et ancien rival de M. Corbyn, continue de réclamer un second référendum sur le futur accord de sortie de l’UE.

La tentation pour Mme May de provoquer des élections pourrait être d’autant plus forte que tous les sondages prévoient une victoire massive des conservateurs. Aux termes d’une loi de 2011, la première ministre ne pourrait cependant le faire que dans deux cas de figure : soit si les trois cinquièmes des députés approuvaient l’idée d’élections anticipées (ce qui suppose l’accord de l’opposition), soit si elle venait à être mise en minorité sur le Brexit.