Après l’avoir critiqué, Hollande prêt à la coopération « sans concession » avec Trump
Après l’avoir critiqué, Hollande prêt à la coopération « sans concession » avec Trump
Le chef de l’Etat avait vertement critiqué le candidat républicain, le qualifiant d’être « vulgaire » qui serait le président du système « le pire ».
François Hollande, président de la République, fait une déclaration après l'élection de Donald Trump à la présidence américaine. | Jean-Claude Coutausse/ French politique pour "Le Monde"
Au lendemain de l’élection du nouveau président américain, François Hollande a affirmé, lors d’une allocution solennelle, qu’il travaillerait avec Donald Trump « avec vigilance et franchise ». Mais pour les deux chefs d’Etat, les relations ne se présentent pas sous les meilleures auspices, M. Hollande ayant vertement critiqué M. Trump dans des propos rapportés par les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans leur livre Un président ne devrait pas dire ça.
Lors de l’une de leurs rencontres courant 2016, il déclarait ainsi à propos du candidat républicain :
« Lui, tout ce qu’il aime, c’est la vulgarité. C’est un être, je trouve, dans tous les sens du terme, vulgaire. Comme pouvaient l’être des leaders populistes en Europe, qui sont fondés sur la vulgarité. »
Il ajoutait :
« Trump pense être le candidat antisystème, mais dès qu’il va être président, les Etats-Unis seront LE système. Le système d’ailleurs le pire, le système d’oppression, de domination, de mépris, etc. »
Lors de son allocution mercredi, François Hollande a répété, en filigranes, ces désaccords : « Certaines positions prises par Donald Trump pendant la campagne américaine doivent être confrontées aux valeurs et aux intérêts que nous partageons avec les Etats-Unis. »
« Les Américains ont le même problème que nous »
Dans une allusion au référendum sur le Brexit en Grande-Bretagne, il a appelé à tirer les leçons des résultats de ces scrutins et à « regarder en face cette situation et, là encore, prendre conscience des inquiétudes qui sont provoquées par les désordres du monde dans tous les peuples, y compris dans le peuple américain, première puissance du monde ».
Dans les confidences recueillies pour le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, François Hollande estimait : « Il faut dire aux Français, vous voyez, Trump, c’est exactement ce que l’extrême droite pourrait faire demain en France. » Il analysait également la situation des Etats-Unis en parallèle à celle de la France : « Les Américains ont le même problème que nous, moins les institutions : déclassement des catégories moyennes, peur de l’immigration, raidissement moral, les musulmans… »
Mercredi, François Hollande a estimé qu’il fallait « trouver les réponses ». « Elles sont en nous, et elles doivent être justement capables de dépasser les peurs mais aussi de respecter les principes qui fondent la démocratie et le modèle social, a-t-il insisté. Plus que jamais, cette élection nous conduit à prendre les responsabilités qui doivent être les nôtres, celles de la France », l’Europe étant « l’instrument, le cadre même de ce que nous avons à faire », a-t-il ajouté, insistant sur une coopération future qui se fera « sans concession et en toute indépendance ».