A Paris, les militants fillonistes exultent : ils tiennent leur revanche
A Paris, les militants fillonistes exultent : ils tiennent leur revanche
Par Sylvia Zappi
Confiants dans la victoire de leur champion, les partisans de l’ex-premier ministre ont salué la performance d’un candidat « méprisé et très sous-évalué dans les sondages ».
Les militants de François Fillon à l’annonce des résultats de leur candidat, le 20 novembre. | JULIEN DANIEL / M.Y.O.P POUR LE MONDE
C’est leur revanche et elle leur paraît éclatante. Réunis, ou plutôt entassés dans le café Le Dauphine, situé boulevard Saint-Germain (7e arrondissement de Paris), à deux pas du QG de leur champion, les militants fillonistes exultent en ce milieu de soirée de premier tour de la primaire de la droite.
Voilà deux heures qu’ils attendent, tendus. Ils se jettent sur les résultats des sondages effectués à la sortie des urnes, décortiquent les premières tendances et partagent leurs impressions par SMS par des proches. Les bières tournent comme les assiettes de saucisson et de fromage alors que les yeux sont rivés sur l’écran de télévision. Le candidat, lui, reste enfermé avec sont état-major quelques numéros plus loin dans son QG.
« C’est génial, il a créé un vrai mouvement ! Mais ça prouve qu’on ne réélit jamais les perdants et que courtiser les voix de gauche, ça ne paye pas », rigole Tony Lorenzi, 48 ans qui travaille dans la finance. « On sent une dynamique qui est entrain de porter Fillon. Il y a quelques jours, on espérait qu’il soit au second tour. Là, on espère qu’il sera en tête », insiste Florent Louise, étudiant en droit. « On sent une poussée de fond : c’est une colère sourde, le ras le bol de la télé réalité », jure Benjamin Jacquemaire, architecte qui ajoute, un rien éméché : « A fond Fillon ! »
Le son de la télévision a rendu l’âme mais, sur les images, les résultats se succèdent. Et le score de l’ancien premier ministre semble toujours plus haut. Dans l’assistance, les « Fillon président » se font plus insistants.
« Un langage de vérité »
Ils sont venus tôt, presque confiants dans la victoire de leur champion. Dans le peu d’espace vacant entre le bar et les banquettes, c’est un peuple de droite bourgeois, fier d’être conservateur qui attend. Tous trouvent leur candidat courageux, sans faille et droit.
Ils partagent sa défense des valeurs de la famille, d’une France qui doit « se relever ». « Il a promis du sang et des larmes mais il tient un langage de vérité : à force de protéger les gens avec des contrats de travail rigides et des aides sociales trop importantes, on ne protège rien car les entreprises s’en vont », assure François Arnould, chef d’entreprise dans les télécommunications.
« Sarkozy n’a rien apporté, il n’a fait que surfer sur une vague droitière. Les gens ne veulent plus de com’ mais l’assurance de gagner, et ça ne pouvait pas être lui », lance Olivier Farouz, qui travaille dans les assurances.
Une vielle dame, tout emmitouflée dans son Loden, regarde tous ces jeunes exaltés, mi-curieuse, mi-effrayée, et s’accroche à son sac. A côté d’elle sur la banquette une Franco-Péruvienne agite son drapeau français : « Fillon veut que la France s’élève, que la famille et les valeurs soient défendues et, moi maman de sept enfants, ça me parle », explique Mariela Piers, assistante sociale.
« Tendance formidable »
« Je suis [Fillon] depuis 2012 : il a fixé un cap et il ne l’a pas perdu. C’est un coureur de fond qui n’a jamais perdu haleine alors que beaucoup l’ont lâché en cours de route », dit Anne Juredieu, une ancienne collaboratrice de Raymond Barre. La dame, à la mise soignée, s’époumone en criant : « On va gagner ! »
Au moment où Bruno Le Maire fait sa déclaration, la télévision donne des signes de faiblesse et le son devient inaudible. « Qu’est ce qu’il a dit Le Maire ? », demande un jeune militant. « Il soutient Fillon ! », lui répondent plusieurs hilares.
Valérie Boyer, la porte-parole de François Fillon, livre ses premières impressions sur cette « tendance formidable » : « Fillon a été considéré avec mépris, très sous-évalué dans les sondages. Mais il y a un désir d’alternance et c’est lui qui a gagné la bataille de la mobilisation. On l’a senti lors du deuxième et du troisième débat où il a réussi à imposer ses sujets. Pour les Français, c’est le fond qui compte et pas la com’. »
Un fonctionnaire de l’Assemblée nationale, rosette au revers de son costume, livre à qui veut l’entendre son analyse : « Surprise, surprise ! Ceux qui pensaient arriver devant, ne vont pas arriver du tout ! » Son discours est couvert par le refrain bien connu des enceintes sportives : « Po popo po popo poooo ».
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