Audencia veut diffuser la culture « maker »
Audencia veut diffuser la culture « maker »
Par Sophie Blitman
L’école nantaise fait bricoler les futurs manageurs pour qu’ils comprennent mieux les produits qu’ils auront à vendre.
L’idée est venue d’étudiants du master spécialisé MDC (marketing, design et création) d’Audencia Business School, qui souhaitaient avoir un lieu à eux où ils pourraient laisser leur matériel de travail et leurs maquettes. Progressivement, le projet a pris forme et l’école nantaise a transformé trois bureaux pour créer, en 2015, le Playground : 100 mètres carrés consacrés à l’innovation et au prototypage rapide.
La plus grande partie est en libre accès. On y trouve des livres de design, des feutres à foison, du carton, des Lego, ainsi que des ordinateurs équipés de logiciels de conception en 3D. Juste à côté, un atelier fermé, placé sous la responsabilité d’un étudiant du master, contient divers outils de bricolage : des perceuses et pistolets à colle, mais aussi un tour à bois, une scie à champ tourné ou encore une imprimante 3D.
« A travers ce lieu, nous voulons vulgariser la notion de “maker”, explique Nicolas Minvielle, responsable du master MDC. Alors qu’en entreprise, les manageurs sont trop souvent déconnectés des services R&D et des designers, nous voulons que nos étudiants n’aient pas peur de toucher des outils et qu’ils prennent l’habitude de bidouiller. C’est de cette manière qu’ils pourront vraiment comprendre le produit qu’ils vendent. »
« Un challenge personnel »
Yasmine Fouin, une élève de dernière année qui suit parallèlement le master MDC, en témoigne : « Lors de mes stages de marketing, j’ai eu besoin de faire des maquettes, par exemple pour tester les nouvelles dimensions d’un packaging destiné à une crème. Cela m’aurait aidée d’avoir des notions de design et certaines connaissances sur les matériaux. » Et d’ajouter : « En manipulant, on se rend compte de ce que l’on peut faire et ne pas faire avec tel ou tel matériau. Tous les étudiants du programme grande école auraient intérêt à se confronter à cette expérience ! »
Pour l’heure, cependant, seuls quelques enseignants donnent des cours au Playground, « essentiellement en raison d’un manque d’acculturation », analyse Nicolas Minvielle qui espère bien voir se diffuser cet état d’esprit à travers l’école. En attendant, le lieu est investi par des étudiants qui viennent mener à bien leurs propres projets, comme Charles Quéguiner, passionné de sport, qui y a fabriqué un vélo tout en bois : « Je voulais comprendre et détourner les difficultés inhérentes à la géométrie du vélo, raconte-t-il. C’était un challenge personnel, mais j’ai aussi acquis des compétences qui seront utiles pour ma vie professionnelle. »
Depuis 2015, Audencia a aussi créé un incubateur, en partenariat avec Centrale et l’Ecole nationale supérieure d’architecture (ENSA) Nantes, pour accompagner les étudiants entrepreneurs dans leurs projets de start-up.
Désormais, l’école nantaise souhaite s’investir plus particulièrement dans le secteur des technologies de l’éducation, les EdTech. Un appel à projets internationaux doit être lancé, en 2017, par un incubateur spécifique, Audencia EdTech. Dotée d’un budget annuel de 300 000 euros, cette structure pourrait également prendre des participations dans les start-up qui seront sélectionnées.
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