Cinq choses à savoir sur François Fillon
Cinq choses à savoir sur François Fillon
L’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy a réussi à s’imposer comme le candidat de la « rupture » après quarante ans de carrière politique.
François Fillon, candidat à la primaire de droite et du centre, vote à la mairie du 7e arrondissement, à Paris, dimanche 27 novembre 2016 - 2016©Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde | Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde
François Fillon, le probable candidat des Républicains à la présidentielle, en passe de remporter le second tour de la primaire dimanche 27 novembre, a su capter l’adhésion d’une galaxie de soutiens. Et ce, grâce à un programme mêlant l’ambition d’un virage libéral en économie, une vision conservatrice de la société et des positions prorusses en matière de politique étrangère.
Quarante ans de carrière politique
Arrivé à la politique par connexion familiale, François Fillon devient l’assistant parlementaire de Joël Le Theule, député de la Sarthe, en 1976. Au décès de celui-ci, il reprend son siège en 1981. François Fillon est alors le benjamin de l’Assemblée nationale.
Depuis, toute la vie de François Fillon a été marquée par une succession – et un cumul – de mandats : maire de Sablé-sur-Sarthe, président du conseil général de la Sarthe, président du conseil régional des Pays de la Loire, sénateur de la Sarthe, et enfin député de Paris. Dans le même temps, il a enchaîné les responsabilités nationales : ministre de l’enseignement supérieur (1993-1995), des affaires sociales (2002-2004), de l’éducation nationale (2004-2005) et enfin premier ministre de Nicolas Sarkozy, pendant cinq ans (2007-2012).
Bien qu’il doive une partie de sa carrière à Nicolas Sarkozy, François Fillon a réussi à apparaître comme un homme neuf. Et il a su porter un programme de rupture, sur le plan économique, sur le plan des valeurs, et sur le plan de l’incarnation de la fonction présidentielle.
La promesse d’un « choc libéral » en économie
S’il était élu président de la République en mai 2017, il mettrait en place un programme d’économie de 110 milliards d’euros sur les finances publiques. Un tiers de la baisse des dépenses serait assuré par l’Etat, 20 % par les collectivités locales et le reste en rognant sur la Sécurité sociale (retraite à 65 ans, réduction de la « dérive » des dépenses de santé). Pour trouver ces économies, M. Fillon promet de supprimer 500 000 emplois publics, de reporter l’âge de la retraite à 65 ans en 2022, d’harmoniser les régimes de retraite, d’imposer les trente-neuf heures dans la fonction publique.
Une vision traditionnelle de la famille et de la société
François Fillon a séduit l’électorat catholique en affirmant des « valeurs », celles de la famille et de la foi catholique. Il a entretenu le flou sur la question de l’avortement. Il entend par ailleurs réformer la loi sur le mariage pour tous. M. Fillon ne veut pas abroger la loi Taubira : « Ce n’est pas réaliste, car on ne démariera pas des gens qui ont été mariés », a-t-il reconnu en février, mais il veut la réécrire pour interdire l’adoption plénière par les couples homosexuels et autoriser l’adoption simple après qu’un juge aura statué en fonction de « l’intérêt de l’enfant ».
Par ailleurs, sur la question de la laïcité, M. Fillon était favorable à une loi sur le burkini. Il avait critiqué en mars 2012, alors qu’il était premier ministre, les « traditions ancestrales » à propos des nourritures casher et hallal.
Une politique étrangère russophile
L’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy est favorable à un rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine sur les questions de l’Ukraine, de la Syrie ou de la Crimée. Les deux hommes, qui ont été premiers ministres au même moment, entretiennent une relation faite de petites attentions. Est-ce de cette relation privilégiée que le candidat Fillon tire son tropisme « prorusse » ? Certains voient dans le positionnement de François Fillon un élément parmi d’autres de l’identité politique de la droite.
En ce qui concerne l’Union européenne, M. Fillon n’a jamais caché son attachement à une « Europe des nations » respectueuse de la « souveraineté de la France », comme il le précise dans son projet : « L’Europe doit être un instrument et non pas une religion », explique-t-il dans son programme.
Une galaxie hétéroclite de soutiens
François Fillon a bénéficié de soutiens divers, à commencer par ceux de la droite catholique. La carte électorale du premier tour, le 20 novembre, montre qu’il a obtenu ses meilleurs résultats dans des départements d’ancrage catholique. Il a également séduit la frange militante du catholicisme, en obtenant le soutien de la plupart des dirigeants de Sens commun, un mouvement issu de la Manif pour tous.
Le conservatisme de François Fillon, son catholicisme revendiqué et ses positions prorusses en matière de politique étrangère ont également séduit l’extrême droite identitaire, de Patrick Buisson à Jacques Bompard. Plusieurs sites de la « fachosphère » ont cherché, à des degrés divers, à favoriser la candidature du Sarthois. C’est le cas notamment de la plateforme identitaire Fdesouche ou encore du blog catholique traditionaliste Le salon beige. Riposte laïque, de son côté, a clairement appelé à voter en sa faveur.
Le milieu des affaires, de son côté, a toujours apprécié le projet économique de François Fillon, qui a soigné ses relations avec lui. On y trouve quelques grandes figures du patronat et de la finance, avec qui le candidat a pris soin de ne pas s’afficher. Selon son entourage, la vraie force de François Fillon réside dans la myriade d’entrepreneurs moins connus du grand public, qui œuvrent en coulisse pour la réussite de leur champion.