Ce qui attend le gouvernement dans les cinq prochains mois
Ce qui attend le gouvernement dans les cinq prochains mois
Par Service France
Comme souvent à chaque fin de quinquennat, aucune réforme majeure n’est attendue d’ici à avril, mais des dossiers délicats sont toujours en suspens.
François Hollande et Bernard Cazeneuve, le 15 juin. | KAMIL ZIHNIOGLU / AP
Nommé pour cinq mois, le gouvernement de Bernard Cazeneuve aura pour « mission » de « préparer l’avenir » a déclaré François Hollande mardi 6 décembre. Comme c’est souvent le cas à chaque fin de quinquennat, aucune réforme majeure ne devrait toutefois être initiée. Reste que le nouveau gouvernement aura à gérer quelques dossiers politiques délicats en cette période électorale.
La crise migratoire
Le nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, prend son poste alors que 5 253 migrants de Calais ont été transférés, à la fin du mois d’octobre, vers 197 Centres d’accueil et d’orientation (CAO) ouverts dans toutes les régions de France. Comme durant tout le quinquennat, les places d’hébergement pour demandeurs d’asile devraient continuer à manquer, alors même qu’une loi oblige à leur trouver un toit.
M. Cazeneuve a par ailleurs quitté la place Beauvau sans avoir tenu sa promesse de faire des « annonces rapides » pour un accueil « humain » des migrants qui continuent à passer par Calais pour rejoindre la Grande-Bretagne, malgré le démantèlement de la « jungle ». De même, le sort des mineurs de Calais n’est pas tranché. M. Le Roux sera également confronté à la question de l’accueil de réfugiés dans la vallée de la Roya, entre Vintimille et Menton (Alpes-Maritimes), où arrivent des migrants depuis l’Italie.
L’état d’urgence et la menace terroriste
La démission du gouvernement entraîne automatiquement la fin de l’état d’urgence dans un délai de quinze jours, soit le 21 décembre. Mais dans ce cas précis, ce régime d’exception ne devrait pas être suspendu, la question de sa prolongation, pour la cinquième fois depuis les attentats de Paris, figurait déjà à l’agenda de l’Assemblée nationale ce même 21 décembre. Il devrait rester en vigueur jusqu’à l’élection présidentielle.
Autre enjeu majeur, la gestion de la menace terroriste, que Bernard Cazeneuve a évoquée dès la passation de pouvoir, mardi, évoquant la nécessité de continuer à « rehausser les moyens des forces de sécurité intérieure et des services de renseignements ».
- La grogne des policiers
Après l’attaque de policiers à Viry-Châtillon (Essonne), au cours de laquelle un adjoint de sécurité a été grièvement brûlé, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’intérieur, avait annoncé qu’un projet de loi serait examiné « dès le 21 décembre » en conseil des ministres en vue de réformer les règles d’ouverture du feu pour les policiers. Il devrait déboucher sur un « régime commun » aux policiers et aux gendarmes, ces derniers étant mieux dotés en la matière. Le projet de loi doit être « présenté au Parlement au cours du premier trimestre 2017 » avait assuré l’ancien ministre de l’intérieur.
Pendant ce temps, la grogne des policiers se poursuit. Les agents, qui expriment leur « ras-le-bol » face aux violences, protestent aussi contre des mesures qui « alourdissent » les procédures. Une « manifestation nationale » de « policiers en colère » est annoncée pour le 13 décembre.
- Industrie
Comme avec Alstom début octobre, le gouvernement devrait rester vigilant sur les risques de plans sociaux sur le territoire, afin d’éviter d’assombrir le bilan social du quinquennat. Plusieurs dossiers à risque sont déjà sur le bureau de Bernard Cazeneuve, notamment la fermeture annoncée, à l’horizon mi-2018, du site d’Airbus à Suresnes, qui entraînera la suppression nette de 308 emplois. L’Etat devra aussi gérer la recapitalisation d’Areva, que Philippe Varin, président du conseil d’administration, espère voir menée à bien au début de l’année.
- Notre-Dame-des-Landes
Manuel Valls avait promis une opération d’évacuation de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes « à l’automne », pour permettre le début du chantier de l’aéroport. Ces derniers jours, les militants anti-aéroport disaient leur vigilance « maximale » face à la possible intervention de la police sur place. Une question persiste : Bernard Cazeneuve prendra-t-il, à quelques mois de la présidentielle, le risque de bouger sur ce dossier clivant à gauche ?