Aux abords du stade du club de football de Besiktas, à Istanbul, le 10 décembre. | MURAD SEZER / REUTERS

Un double attentat a frappé, dans la soirée du samedi 10 décembre, le quartier de Besiktas, situé dans la partie européenne d’Istanbul. D’après le dernier bilan fourni par le ministère de l’intérieur turc, 29 personnes – dont 27 policiers – ont été tuées et 166 blessées. Dix individus ont été interpellés et placés en garde à vue en lien avec ces attaques, qui n’ont, pour l’heure, pas été revendiquées.

  • Une voiture piégée et un kamikaze

Les faits se sont produits aux environs de 22 h 30 locales (20 h 30 à Paris). Une voiture piégée a frappé un car de transport de la police à proximité de la Vodafone Arena, le stade de l’équipe de football de Besiktas. Le match qui s’y déroulait était déjà terminé. Une autre explosion, s’est produite dans le parc de Macka, voisin. Selon les autorités, elle aurait été déclenchée par un kamikaze.

Après les explosions, les autorités ont rapidement bouclé tous les accès au quartier du stade. Des dizaines de policiers, mitraillette en bandoulière ou arme au poing, empêchaient tout passage, tandis qu’un hélicoptère survolait le quartier. Des témoins ont affirmé avoir entendu des salves d’armes à feu juste après les explosions.

Les autorités ont interdit de diffuser des images liées à l’attaque, une mesure prise après chaque attentat.

  • Enquête du parquet antiterroriste

« Nous avons assisté, ce soir à Istanbul, à la manifestation la plus hideuse du terrorisme », a dénoncé le président Recep Tayyip Erdogan dans un communiqué. Le double attentat a frappé un quartier touristique de la ville, situé entre l’emblématique place Taksim et l’ancien palais de Dolmabahçe, sur la rive européenne de la mégalopole.

« Il apparaît que ces explosions, qui se sont produites juste après le match Besiktas-Bursaspor, avaient pour but de causer le plus grand nombre possible de victimes. »

« Des terroristes (…) ont attaqué nos forces de sécurité héroïques qui assuraient la sécurité de nos supporters et des supporters de l’équipe visiteuse Bursaspor. (…) Nous nous dresserons contre ces lâches », a réagi, de son côté, le club de Besiktas.

Selon l’agence de presse gouvernementale Anatolie, le parquet antiterroriste d’Istanbul a ouvert une enquête sur les explosions. Dix personnes ont été placées en garde à vue.

  • Les séparatistes kurdes et l’EI, menaces pour Ankara

La Turquie est la cible de nombreuses attaques liées à la rébellion séparatiste du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ou attribuées au groupe Etat islamique (EI). Celles-ci ont notamment frappé Istanbul et Ankara. Le PKK et une organisation dissidente connue sous le nom des Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK) s’en prennent régulièrement à des véhicules de la police.

Membre de la coalition internationale qui combat l’EI en Syrie et en Irak, la Turquie a déclenché en août une offensive dans le nord de la Syrie pour repousser ses membres vers le sud. En réaction à ces opérations militaires, le groupe terroriste a à plusieurs reprises menacé d’attentats Ankara, désormais une des principales cibles des djihadistes.

  • Les réactions internationales

L’ambassade des Etats-Unis à Ankara a condamné sur Twitter une « attaque lâche » et assuré se tenir « aux côtés du peuple turc contre le terrorisme ». Devant le risque d’attentats dans le pays, Washington avait ordonné en octobre l’évacuation des familles des employés de leur consulat dans la mégalopole turque. Le président du Parlement européen Martin Schulz a pour sa part exprimé sa « solidarité avec les citoyens turcs, avec les familles des victimes de l’attaque d’Istanbul ».