Documentaire sur France 5 à 20 h 50

Pierre Desgraupes sur Paul Nizan
Durée : 01:15

Ils étaient une poignée, et leurs noms sont aujourd’hui inscrits au panthéon de l’audiovisuel. Ils s’appelaient Pierre Tchernia, Pierre Lazareff, Claude Darget, Pierre Desgraupes, Pierre Sabbagh, Pierre Dumayet, Jacques Sallebert, Roger Couderc, Georges de Caunes, Jean Nohain, Henri Spade, Raymond Marcillac… Il y avait aussi quelques femmes qui furent les premières speakerines (Jacqueline Joubert, Catherine Langeais, Jacqueline Caurat). Sans oublier les grands réalisateurs (Stellio Lorenzi, Claude Barma…) et les nombreux techniciens anonymes qui, au lendemain de la seconde guerre mondiale, avec des bouts de ficelle, des morceaux de pel­licules, pas mal d’enthousiasme et beaucoup d’intelligence, ont créé la télévision française. Ins­tallés comme ils pouvaient dans un ­studio de la rue Cognacq-Jay à Paris, ils étaient les pionniers de cette fabuleuse aventure.

Presque tous disparus aujour­d’hui, ils avaient raconté leurs premiers pas dans cet univers inconnu, et c’est à travers leurs témoignages et de nombreuses archives en noir et blanc que le journaliste Jacques Pessis nous fait entrer dans les coulisses de la ­télévision.

Pierre Tchernia | © P6

 

Que ce soit le journal télévisé, créé par Pierre Sabbagh à force d’obstination, le service des sports, confié sans consignes particulières à l’ancien athlète Raymond Marcillac, ou les variétés, animées par Jean Nohain, ils ont tout inventé. Au fil des images, on se rend compte que les producteurs et animateurs d’aujourd’hui n’ont fait que s’inspirer de ces émissions qui ne s’appelaient pas encore des « concepts ». Il y avait déjà les émissions de cuisine avec Raymond Oliver et Catherine Langeais, les grands magazines d’histoire avec « La caméra explore le temps », d’Alain Decaux et André Castelot, l’ancêtre de « The Voice » avec « Le Petit Conservatoire de la chanson », de Mireille, les jeux comme « La Tête et les Jambes », animé par Pierre Bellemare, des magazines féminins et des feuilletons (Thierry la Fronde, Le Temps des copains, ­Janique Aimé), sans oublier « La Vie des animaux », de Claude Darget et Frédéric Rossif.

Corsetée et surveillée par le pouvoir gaulliste de l’époque, la télévision française a aussi été une source d’éducation pour toute une génération. Et, déjà, ces pionniers voyaient loin. A la fin des années 1950, Pierre Lazareff déclarait : « Il faudrait créer plusieurs chaînes pour que le téléspectateur puisse choisir son programme. »

Les Pionniers de la télé, de Jacques Pessis (Fr., 2016, 85 min).