Cinq idées fausses mais répandues sur le programme Erasmus
Cinq idées fausses mais répandues sur le programme Erasmus
Par Françoise Marmouyet
Idées préconçues, extrapolations, manque d’informations : quelques exemples d’erreurs d’appréciation sur Erasmus +.
Photo d’illustration - juin 2015 | PHILIPPE HUGUEN / AFP
On te « donne » ton année quoi qu’il en soit en Erasmus
« Il est rare qu’un étudiant sérieux et motivé ne valide pas son séjour d’études Erasmus », estime Annie-Claude Guiset, directrice adjointe des relations internationales à l’université catholique de Lille. Ludovic Plachot, responsable du pôle mobilité à l’université Bordeaux-Montaigne, confirme : selon lui, près de 98 % des partants valident leur année. Pour autant, celle-ci est loin d’être « donnée ».
Si l’immense majorité des étudiants qui bénéficient d’une mobilité sont reçus aux examens, c’est parce qu’ils sont triés sur le volet. « Lorsqu’ils formulent leurs vœux, leurs dossiers sont examinés par les responsables de parcours, qui exigent un bon niveau pour les autoriser à partir dans l’université désirée. Ils doivent par ailleurs avoir des compétences avérées en langue et faire la démonstration de leur motivation », insiste le responsable pédagogique.
Un million de bébés sont nés de couples Erasmus
C’est le député européen Alain Lamassoure, fervent défenseur d’Erasmus, qui a avancé cette estimation à l’automne 2012, sans préciser ses sources. Joli coup de publicité, alors qu’à l’époque le programme rencontrait des problèmes de financement. En 2014, la Commission européenne a effectué une enquête sur un échantillon parmi les quelque 3 millions de jeunes gens qui avaient bénéficié d’Erasmus depuis sa création, en 1987.
De ce sondage, il ressortait notamment que 27 % des étudiants Erasmus avaient rencontré leur conjoint pendant leur séjour à l’étranger. Le communiqué de presse qui accompagnait la publication de l’enquête ajoutait : « Il en résulte, selon les estimations de la Commission, qu’environ un million de bébés sont vraisemblablement nés de couples Erasmus depuis 1987. » L’enquête elle-même ne portait pas sur les bébés de ces couples. Il s’agit donc d’une extrapolation impossible à vérifier.
Selon les régions, les bourses peuvent varier du simple au double
De fait, les bourses accordées par Erasmus varient de 150 à 400 euros par mois, en fonction du coût de la vie dans le pays d’accueil. Une somme qu’il est possible de compléter par les aides à la mobilité internationale allouées par les régions françaises, dont les montants sont certes différents, mais ne varient pas du simple au double.
Ce sont surtout les conditions d’attribution qu’il faut regarder : certaines régions autorisent le cumul, d’autres pas. Par exemple, en région PACA, le chèque va de 100 à 400 euros par mois pour une mobilité internationale. Mais il n’est pas possible de l’ajouter à une aide Erasmus +.
La bourse Mobi-Centre du Centre-Val de Loire n’est, elle, « que » de 175 euros par mois… que l’on peut additionner au coup de pouce européen. Les versements, eux, peuvent être mensuels ou forfaitaires, comme les 800 euros de la bourse Boussole de la région Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine. Des aides sont parfois aussi apportées par les départements, voire les municipalités – la Ville de Paris peut ainsi allouer 160 euros par mois, parfois cumulable avec la bourse Erasmus +.
La paperasse administrative avant le départ est une vraie galère
« Ce n’est pas une galère, mais il faut être soigneux et persévérant », juge Camille Boulanger, étudiante en L3 de langues littératures et civilisations étrangères à l’université de Toulouse. Elle a passé l’année universitaire 2014-2015 à Timisoara, en Roumanie, et se souvient avec précision des différentes étapes de sa candidature. Le dossier qu’elle a rempli comportait ses relevés de notes, une lettre de motivation et une lettre de recommandation d’un enseignant.
Choisir ses cours dans l’université d’accueil prend du temps. L’étudiant doit s’assurer qu’ils sont en rapport avec le diplôme préparé et qu’il obtiendra bien un total de 30 crédits ECTS (système d’équivalence européen) pour valider un semestre. « Ces derniers points peuvent nécessiter des allers-retours entre les établissements d’accueil et de départ », se remémore Camille Boulanger.
Autre obligation depuis 2014 : les tests de langue avant le départ et au retour. Une fois rentré, il faut enfin assurer un suivi rigoureux, car les facultés d’accueil ne renvoient pas toujours dans les temps les résultats des examens, ce qui peut retarder l’inscription en année supérieure en France.
Cet article fait partie d’un supplément réalisé en partenariat avec Erasmus +