Le somnifère Stilnox bientôt prescrit comme un stupéfiant
Le somnifère Stilnox bientôt prescrit comme un stupéfiant
Par Benoit Collet
Le zolpidem, hypnotique plus connu sous le nom de Stilnox, va voir son accès restreint, selon le « Journal officiel » du 10 janvier. Une mesure sanitaire justifiée par les risques d’addiction et de détournement d’usage.
Effectuée en cas d’insomnie sévère, la prescription du zolpidem (plus connu sous le nom de Stilnox) va bientôt être plus strictement encadrée. Un arrêté du ministère de la santé du 7 janvier, publié mardi 10 janvier au Journal officiel, lui applique pour partie la réglementation des stupéfiants. La décision est justifiée par le « risque de pharmacodépendance, d’abus et d’usage détourné », selon les termes de l’arrêté. Dans quatre-vingt-dix jours, les patients devront se munir d’une ordonnance sécurisée pour s’en procurer.
Ces dernières, imprimées sur un papier spécial plus difficile à falsifier, indiquent la posologie exacte précisée par le médecin. Elles devraient empêcher les consommateurs dépendants d’aller voir différents médecins pour s’en faire prescrire plusieurs fois.
Zolpidem classé pour partie stupefiant dans 90 jours.Va pas être facile à expliquer ds les pharmacies!Incompréhension des patients en vue
— IsabelleAdenot (@Isabelle Adenot)
L’objectif des autorités sanitaires est de limiter le nombre de prescriptions. L’Agence nationale de sécurité du médicament estime qu’en 2012, 131 millions de boîtes de zolpidem ont été vendues en France. Plus de 11 millions de Français en ont consommé au moins une fois. Certains patients vont voir des médecins différents, en multipliant les ordonnances pour pouvoir se procurer plus de boîtes du médicament.
Risques de dépendance
Le Zolpidem fait encourir aux patients un risque de dépendance. « Des personnes se sont retrouvées accros malgré elles », selon le docteur William Lowenstein, président de SOS addictions. Les patients recherchent les effets relaxants, et paradoxalement dopants, du produit. Certains d’entre eux arrivent à en consommer, jusqu’à une dizaine au cours de la journée. Ce médicament est aussi utilisé par les usagers réguliers de drogue, qui se l’injectent ou le sniffent. Les toxicomanes coupent parfois l’héroïne avec du zolpidem, pour amortir l’inconfort de la descente.
Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre national des pharmaciens, comprend mal cette décision sanitaire. Elle aimerait la voir étendue aux médicaments semblables au Stilnox. Pour elle, l’encadrement des prescriptions devrait également s’appliquer aux autres benzodiazépines, la famille de médicaments hypnotiques à laquelle appartient le Stilnox. « Moins les Français prendront ce type de médicaments mieux ils se porteront », affirme-elle.