L’« affaire Théo », du nom du jeune homme de 22 ans gravement blessé lors de son interpellation à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le 2 février, s’immisce dans la campagne. Depuis cette arrestation au cours de laquelle Théo L. a été blessé dans la zone rectale, les candidats à la présidentielle condamnent dans l’ensemble les violences policières tout en prenant soin de ne pas discréditer l’ensemble d’une profession.

  • Fillon : « Des fautes doivent être sanctionnées »

Mercredi soir, François Fillon a affirmé que les policiers auteurs présumés des violences contre Théo L. « ont commis des fautes » qui « doivent être sanctionnées ». « Ça doit nous conduire (…) à montrer notre solidarité avec la police, et en même temps à être absolument intransigeants sur ces comportements », a déclaré le candidat de la droite à la présidentielle lors d’un déplacement à Juvisy-sur-Orge (Essonne).

Cependant, « un acte d’une violence pareille ne doit pas retomber sur la police, la gendarmerie, les forces de sécurité, qui n’ont rien à voir là-dedans », a-t-il indiqué.

  • Macron : Créer « une police de la sécurité quotidienne »

Emmanuel Macron a également réagi mercredi dans une tribune publiée sur Facebook, intitulée « L’autorité des forces de l’ordre n’est jamais acquise : elle se conquiert au quotidien ». « A Aulnay, c’est la force illégitime de l’Etat qui a eu cours et la dignité d’un jeune garçon, d’une famille et d’un quartier, qui a été mise en cause », écrit-il, soulignant toutefois que « la profession [de policier] dans son ensemble n’est évidemment pas comptable des actes de certains ». L’ex-ministre de l’économie explique vouloir créer une « police de la sécurité quotidienne », « mieux ancrée dans les territoires dont elle a la charge ».

  • Mélenchon : « Expulser de la police les tortureurs »

Jean-Luc Mélenchon a estimé dans une vidéo publiée mardi que « l’acte commis contre [Théo] est un acte de torture ». « C’est absolument infâme », a souligné le candidat de La France insoumise, estimant qu’il faut « expulser de la police les tortureurs » car « la police républicaine ne peut pas avoir de telles pratiques ».

  • Hamon : « Rétablir une relation de confiance entre la police et la population »

Benoît Hamon a condamné dès lundi les actes « inadmissibles » de « dépositaires de l’autorité publique ». Le candidat du PS a rappelé qu’il y avait un « besoin de rétablir une relation de confiance entre la police et la population » et demandé à l’Etat d’« être encore plus implacable » quand « des citoyens ont subi des violences de la part de policiers ».

M. Hamon a cependant appelé à « ne pas confondre le geste de quelques-uns avec le travail quotidien de milliers de policiers sur le terrain ».

  • Jadot : « Le sentiment d’exaspération est fondé et doit être traité à la source »

Lors d’une conférence de presse jeudi, Yannick Jadot, le candidat d’EELV à la présidentielle a réagi sur l’affaire, estimant que « le sentiment d’exaspération est fondé et doit être traité à la source » et non pas par « réponse sécuritaire » :

  • Le Pen : « Mon principe de base, soutenir les forces de police »

Seule discordance parmi ces condamnations, Marine Le Pen, qui a refusé de parler de « bavure » à propos de l’affaire Théo. « Je trouve inadmissible de clouer au pilori des policiers avant même que l’enquête ait débuté », a déclaré la candidate du Front national, mardi, lors d’un déplacement dans l’Essonne. « Mon principe de base c’est, d’abord, je soutiens les forces de police et de gendarmerie. Sauf démonstration par la justice qu’ils ont commis un délit ou un crime », a-t-elle encore souligné.

  • Duflot : « Une police à bout de nerfs et une jeunesse à bout de patience »

Pour la députée écologiste Cécile Duflot, interrogée jeudi sur RTL, « on a une police à bout de nerfs dans certains quartiers et une jeunesse à bout de patience ». Elle pointe « de petites humiliations quotidiennes » dans ces quartiers. « Elles existent et ce n’est pas mettre en cause le travail des policiers, c’est mettre en cause ceux qui ne font pas bien leur travail parce qu’on les met dans des situations impossibles. »

  • Cazeneuve : « Les policiers doivent être à chaque instant exemplaires »

Le premier ministre, Bernard Cazeneuve, a plaidé mardi pour « la plus grande fermeté » à l’encontre des forces de l’ordre qui se rendraient coupables de « manquements graves », rappelant que « les policiers et les gendarmes (…) doivent être à chaque instant absolument exemplaires ».