Spectacle sur Neflix à la demande

Donald Trump Dresses Up His Act: The Daily Show - Between the Scenes
Durée : 02:21

Trevor Noah a pris, en 2015, la succession de Jon Stewart à la tête du « Tonight Show » de la chaîne câblée nord-américaine Comedy Central. Sans connaître l’audience des grands talk-shows de fin de soirée de NBC(« The To­night Show Starring Jimmy Fallon »), ABC (« Jimmy Kimmel Live ! ») et CBS (« The Late Late Show with ­James Corden »), son émission a trouvé son public et son ton.

Noah fait partie des non-natifs à animer une émission d’importance sur le petit écran américain, avec les Britanniques James Corden et John Oliver – ce dernier intervient sur la chaîne câblée HBO dans « Last Week Tonight with John Oliver » (diffusé en France par OCS). Et le Sud-Africain est le seul Noir à la tête d’un grand late show.

Noir ? Comme « Peur du noir », le titre de son spectacle de stand-up Trevor Noah : Afraid of the Dark (2016), que propose Netflix ? Non, métis plutôt : mère sud-africaine noire, père suisse blanc. Comme il en plaisante volontiers dans You Laugh But it’s True (2011), un documentaire aussi proposé par la plate-forme de vidéo à la demande par abonnement : « Ma mère voulait un Blanc, et vous savez combien les Suisses aiment le chocolat… »

Mais ce jeune trentenaire au visage poupin (né en 1984) est le produit d’une union que l’apartheid considérait comme criminelle et d’une Afrique du Sud où l’on pouvait impunément se faire tirer une balle dans la tête, comme cela arriva à sa mère, qui réchappa miraculeusement de l’attaque d’un ancien compagnon.

Talentueux mais arrogant

Noah raconte sa vie à travers l’écran protecteur de la dérision et de l’autodérision – et aussi le fait qu’il ne soit, aux yeux de ses ­concitoyens, ni blanc ni noir. Comme Barack Obama, dont il trace un portrait merveilleux de drôlerie admirative dans le spectacle filmé à New York trois jours avant l’élection de Donald Trump.

Alors qu’il n’a que quelques mois de pratique du stand-up, le voici donc propulsé, en 2011, grâce notamment à la notoriété que lui apportent ses apparitions à la télévision sud-africaine, sur une grande scène de Johannesburg. Ses collègues, qui, Noirs ou Blancs, occupent comme ils peuvent le terrain depuis la fin de l’apartheid, ne cachent pas leur jalousie. On trouve Noah talentueux, mais arrogant.

Trevor Noah - Zambia loves escalators, just "don't be gay."
Durée : 11:19

Cette même année, le jeune humoriste veut « prendre l’air » et débarque à Los Angeles pour s’y produire, inconnu de tous, dans un petit club. On le voit, dans le documentaire, cogner dur sur l’image de l’Afrique véhiculée par l’Unicef : « Pourquoi ces enfants ont-ils toujours une mouche sur la bouche ? Ce sont des mouches dressées ? » Mais d’ajouter cependant : « Je viens moi aussi d’une famille pauvre, mais les mouches, on les chassait du visage… »

Puis Trevor Noah s’installe à New York. On le voit invité par Jon Stewart au « Tonight Show », dont il devient, en 2014, un invité régulier, puis le nouveau titulaire. Mais ce n’est qu’en 2016 qu’il se produit, en stand-up, devant une vaste audience new-yorkaise.

En quelques années, le jeune homme a mis un peu d’eau dans son vin : cela grince moins, et l’humour – fondé pour beaucoup sur le choc des cultures entre la sienne et celle de son pays d’adoption – fait parfois place à des humeurs presque philosophiques.

Mais diable, qu’est-ce qu’on rit, notamment grâce aux accents divers qu’emprunte Noah le polyglotte et à son imitation hilarante de Nelson Mandela.

Trevor Noah : Afraid of the Dark (2016), avec Trevor Noah (EU, 2016, 67 min).You Laugh But it’s True, de David Paul Meyer (EU, 2011, 83 min).