Patrick Kanner à Benoît Hamon : « On a besoin de preuves d’amour »
Patrick Kanner à Benoît Hamon : « On a besoin de preuves d’amour »
Dans un entretien au Journal du dimanche, le ministre de la ville, soutien de Manuel Valls, lance un « appel » au candidat socialiste pour qu’il « rassemble sa famille » et n’exclut pas de voter pour Emmanuel Macron.
Le ministre de la Ville, Patrick Kanner, inquiet d’un « faux plat qui dure » dans la campagne de Benoît Hamon, demande dans le Journal du dimanche des « preuves d’amour » au candidat socialiste pour « qu’il rassemble sa famille », n’excluant pas sinon de voter Emmanuel Macron, comme d’autres responsables socialistes.
« J’ai envie que Benoît nous donne envie. Mais aujourd’hui, le compte n’y est pas », juge-t-il dans une interview à l’hebdomadaire.
« Quand j’entends Benoît dire que nous avons manqué notre rendez-vous avec les quartiers populaires, je suis heurté. C’est faux (…) J’ai 42 ans de parti derrière moi, je suis un socialiste légitimiste. Benoît est notre candidat, qu’il n’y ait pas de malentendu. »
« Provocation »
A l’unisson d’autres soutiens de Manuel Valls, M. Kanner affirme que l’accord entre Benoît Hamon et le vainqueur de la primaire écologiste Yannick Jadot lui « pose problème ».
« Remettre en cause le Lyon-Turin ou Notre-Dame-des-Landes, ce n’est pas une bonne idée. Intégrer dans l’accord la fin de l’état d’urgence, soumettre la sécurité des Français à un deal électoral, c’est une ineptie. Alors qu’ils bénéficieront de 43 circonscriptions réservées, il est anormal que les Verts soient autorisés à se présenter partout, y compris contre Myriam El Khomri : le soutien de Cécile Duflot à Caroline De Haas dans la sixième circonscription de Paris est une pure provocation. »
Et d’affirmer qu’il ne fait que lancer « un appel à Benoît pour qu’il rassemble sa famille. On a besoin de preuves d’amour ».
« S’il était aujourd’hui à 20 ou 21 % dans les sondages, je lui dirais : “Chapeau l’artiste !” Mais là, nous sommes sur un faux plat qui dure. Je vois mes collègues ministres qui s’interrogent alors que nous sommes en permanence sur le terrain. Or c’est une course contre la montre : tout va se jouer dans les quinze jours. La vraie question, c’est : Benoît est-il en capacité de rassembler ? »
« Risque de chaos démocratique »
S’il est « trop tôt » pour parler de vote utile, et s’il « espère que les choses se remettront dans le bon sens », il insiste sur le contexte d’« un risque de chaos démocratique, avec une extrême droite aux portes du pouvoir et une droite en pleine déroute morale ».
Dans l’hypothèse où la campagne Hamon ne prendrait pas le tour qu’il souhaite, voterait-il pour Emmanuel Macron ? « Ce n’est pas d’actualité, mais ce n’est pas exclu. Si cette décision doit être prise, elle devra l’être de manière collective. »