EDF lance l’augmentation de capital de 4 milliards
EDF lance l’augmentation de capital de 4 milliards
LE MONDE ECONOMIE
L’Etat s’est engagé à en souscrire les trois quarts et restera actionnaire à plus de 84 %. Le PDG du groupe souhaite un flottant plus important pour attirer les investisseurs.
L’un des objectifs de l’augmentation de capital est de « trouver de nouveaux investisseurs disposés à rester actionnaires le plus longtemps possible », a indiqué Jean-Bernard Lévy, le patron d’EDF. | GUILLAUME SOUVANT / AFP
EDF a annoncé, mardi 7 mars, le lancement mercredi de son augmentation de capital de 4 milliards d’euros. Cet appel au marché se fait sur la base de trois actions nouvelles pour dix actions existantes. L’Etat français, détenteur de 85,6 % du capital, s’était engagé en avril 2016 à y souscrire à hauteur de 3 milliards d’euros pour renforcer la structure financière du groupe fragilisée par la chute des prix de gros de l’électricité en Europe, une dette de 37 milliards et de coûteux investissements à venir, surtout dans son parc nucléaire en France et au Royaume-Uni.
Coordonnée par BNP Paribas, HSBC, JPMorgan et Société générale, l’opération prévoit le maintien du droit préférentiel de souscription pour les actionnaires actuels au prix de 6,35 euros par action nouvelle, soit une décote de 34,5 % par rapport au cours de clôture de lundi (9,618 euros). La période de souscription s’étalera du 10 au 21 mars inclus et sera ouverte au public (hors institutionnels) « uniquement en France », précise le groupe.
« L’augmentation de capital vient soutenir la stratégie Cap 2030, qui vise à faire d’EDF l’électricien performant » et « le champion de la croissance bas carbone », a commenté son PDG, Jean-Bernard Lévy. Le groupe précise que le produit de l’augmentation de capital « servira principalement au financement des opérations de développement sur 2017-2020, en cohérence avec la stratégie Cap 2030, et d’une manière générale, à renforcer la flexibilité financière ».
Renforcer les fonds propres
L’Etat, qui conservera 84,5 % du capital, vient déjà en aide à EDF depuis deux ans en acceptant que son dividende soit payé en actions sur la période 2015-2017. Ce qui permettra à l’entreprise de conserver en trésorerie quelque 4 milliards d’ici fin 2017. L’augmentation de capital renforcera aussi les fonds propres du groupe, qui s’élevaient à 34,4 milliards fin 2016.
Dans le cadre de la trajectoire financière à l’horizon 2020, cette augmentaiton de capital complète les cessions d’actifs (10 milliards prévus d’ici à 2020) et le plan d’économies de 1 milliard lancé en 2016. Ce dernier passe notamment par la suppression de plus de 5 000 postes – « sans licenciements », a promis la direction – entre 2016 et 2019, les filiales de transport (RTE), de distribution (Enedis) et de services à l’énergie (Dalkia) n’étant pas concernées.
Mi-février, lors de la présentation des résultats 2016 marqués par une bonne résilience du groupe dans un contexte de marché très dégradé, ses dirigeants ont reconnu que 2017 serait difficile, avant un possible rebond l’année suivante. M. Lévy rappelle volontiers que ces dernières années, EDF n’a jamais clos un exercice déficitaire, contrairement à certains de ses concurrents européens.
Attirer de nouveaux investisseurs
Il n’en reste pas moins que la trajectoire financière d’EDF devra être revue au-delà de 2020 en fonction de la situation du marché de l’électricité, indique M. Lévy, mardi, dans un entretien au site des Echos. Sa situation en Bourse devra aussi être clarifiée après l’éviction du CAC 40 décidée en décembre 2015 par le conseil scientifique d’Euronext.
Compte tenu du poids écrasant de l’Etat actionnaire, le groupe d’électricité a un flottant beaucoup trop réduit. Davantage de titres en circulation « amélioreraient la vitalité du titre EDF » et son attractivité pour les investisseurs, reconnaît son PDG. Ce sera au nouveau président de la République de trancher.
L’autre objectif de l’augmentation de capital est donc de « trouver de nouveaux investisseurs disposés à rester actionnaires le plus longtemps possible », souligne M. Lévy. Il estime que le titre, tombé à un niveau historiquement bas depuis l’introduction d’EDF en Bourse en 2005, dispose d’« une forte capacité de rebond ».