Chuck Berry, homme de scène cabotin dans le film « Hail ! Hail ! Rock’n’Roll »
Chuck Berry, homme de scène cabotin dans le film « Hail ! Hail ! Rock’n’Roll »
Par Sylvain Siclier
Taylor Hackford a filmé deux concerts donnés à Saint-Louis en 1986, pour les 60 ans de l’artiste notamment avec Keith Richards.
Affiche du film sorti en 1957. | Amazon
En 1986, le Rock’n’Roll Hall of Fame, tout juste créé à Cleveland (Ohio), met en tête de sa première sélection Chuck Berry. Pour être éligible à ce Panthéon des personnalités importantes du rock et de la pop, il faut avoir eu une carrière qui remonte à vingt-cinq ans. C’est le cas de Berry, dans le métier depuis 1953. Intronisé grand patron du rock’n’roll, il doit aussi fêter ses 60 ans, lors de deux concerts organisés au Fox Theatre de Saint-Louis, le 16 octobre. Si Martin Scorsese a été pressenti pour diriger le film témoin des concerts anniversaire, ce sera finalement Taylor Hackford qui est choisi, dont Officer and a Gentleman (1982) et Against All Odds (1984) ont été d’énormes succès publics. Keith Richards, le guitariste des Rolling Stones, fan absolu de Berry, est le directeur musical de la soirée.
Le film, intitulé Hail ! Hail ! Rock ‘n’Roll, sort en salles en octobre 1987. Avec pour l’essentiel une succession classique d’extraits des concerts, de témoignages de musiciens (Everly Brothers, Little Richard, Bo Diddley, Jerry Lee Lewis, Bruce Springsteen, Roy Orbison, Willie Dixon, Johnnie Johnson, Eric Clapton….) et de proches. Berry, homme de scène cabotin et conquérant, arbore fièrement sa guitare Gibson ES-335 rouge. Pour les concerts, Keith Richards offre à Berry un orchestre prestigieux : Johnnie Johnson, le pianiste régulier de Berry, l’organiste Chuck Leavell et le saxophoniste Bobby Keys, qui accompagnent les Stones, le batteur Steve Jordan, les guitaristes Eric Clapton et Robert Cray. Les chanteuses Linda Ronstadt et Etta James viennent en invitées.
Regard assassin
Des répétitions sont prévues et le premier concert sert surtout à caler lumières et son et à archiver des séquences en cas de problèmes lors du second. Mais Berry n’aime pas répéter. Il arrive généralement grognon, juste avant sa prestation et laisse Johnson donner aux musiciens des indications sur le répertoire. La version du film exploitée en salles montre quelques-uns de ces moments. Mais c’est surtout dans l’édition en DVD, publiée en 2006, complète et commentée (1 coffret de 4 DVD Image Entertainment) que l’on voit que Berry a fait vivre un enfer aux équipes du film et du concert.
Le plus étonnant est que Keith Richards, pas le plus tendre des hommes, co-patron des Rolling Stones, grande entreprise rock mondiale, ne bronche pas, petit garçon admiratif devant son idole. Il propose, en vain, des arrangements qui mettraient en valeur une partie soliste de Berry. Il vient régler l’amplificateur, qui sonne comme une casserole, et reçoit un regard assassin, avant retour au réglage originel. Berry part gratter quelques dollars à un concert deux jours avant ceux de Saint-Louis et revient la voix cassée, ce qui nécessitera de doubler certaines parties du film… et donc de rajouter encore un cachet pour cette « prestation ». Richards résumera le comportement de Berry à celui d’un « enfoiré de première catégorie ». Avec un mélange de colère et d’émerveillement.
Chuck Berry, plus de soixante ans de carrière
18 octobre 1926 Naissance à Saint-Louis (Missouri)
1953 Débuts professionnels
1955 Premier succès avec la chanson « Maybellene »
1958 Parution de sa chanson la plus célèbre, Johnny B. Goode
1972 Dernier succès, son seul numéro 1 en classement pop, avec My Ding-a-Ling
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