François Fillon botte en touche sur la moralisation et la transparence de la vie publique
François Fillon botte en touche sur la moralisation et la transparence de la vie publique
Par Anne Michel
Seul des onze candidats à ne pas avoir répondu à temps au questionnaire de Transparency International, le candidat s’est finalement prononcé sur le non-cumul des mandats, mais renvoie pour le reste à une commission de sages.
François Fillon lors de « L’Emission politique » sur France 2, jeudi 23 mars. | LAURENCE GEAI / « LE MONDE »
Il était le seul des onze candidats à l’élection présidentielle à ne pas avoir répondu au questionnaire de l’ONG anticorruption Transparency International sur la transparence et la moralisation de la vie publique française, rendu public jeudi 23 mars. François Fillon s’est ravisé, en adressant sa position sur des sujets centraux, comme le non-cumul des mandats ou le casier judiciaire vierge pour tous les candidats à une élection au suffrage universel, en début de soirée jeudi, après l’expiration de la date butoir et la diffusion des résultats, mais juste avant sa participation à « L’Emission politique », sur France 2.
La mauvaise publicité autour de son refus de participer au questionnaire aura produit son effet. Que dit François Fillon sur le fond et sur les onze recommandations de l’ONG pour améliorer la vie démocratique française, élaborées en fonction des attentes des citoyens ? L’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy ne répond pas précisément au questionnaire de Transparency, comme l’ont fait ses compétiteurs. Mais il adresse une lettre à l’ONG, dans laquelle il endosse un seul des onze principes proposés (le non-cumul des mandats) et renvoie pour le reste à une commission de sages, qu’il chargerait, une fois élu président, de « faire des propositions sur la transparence et la moralisation de la vie publique ».
« Les pistes que vous proposez vont dans le bon sens et doivent être étudiées », écrit le candidat de la droite et du centre à la présidentielle, qui ajoute : « Je propose dans mon projet pour la France d’inciter, dès le début du quinquennat, l’Assemblée nationale et le Sénat, à se mobiliser pour proposer, avant la fin de cette année, un renforcement de leurs mécanismes de contrôle et de déontologie. » « Outre les pistes que vous évoquez, poursuit François Fillon, toujours empêtré dans l’affaire des emplois fictifs supposés de sa femme et de ses femmes à l’Assemblée nationale, ces propositions devront prendre en compte une définition claire du rôle et du profil des assistants parlementaires, et une transparence totale sur ce sujet. »
« Régénérer notre vie démocratique »
Le président de Transparency International en France, Daniel Lebègue, a aussitôt répondu au courrier de M. Fillon, vendredi 24 mars, regrettant que la réponse du candidat ne soit parvenue « qu’après une conférence de presse, dont la date avait été annoncée depuis plusieurs semaines aux candidats et aux journalistes ». Il propose au candidat de « poursuivre le dialogue », avec ses équipes, « sur les mesures dont nous recommandons la mise en œuvre, et sur toutes autres mesures qui seraient de nature à contribuer à régénérer notre vie démocratique ».
Lors de la publication des résultats de son enquête auprès des candidats, jeudi, M. Lebègue avait estimé que la liste d’engagements soumis aux candidats à la présidentielle avait vocation à contribuer « de manière utile » au débat démocratique, à éclairer les citoyens et finalement à faire progresser la probité en France. « Les affaires n’ont pas qu’un effet délétère sur l’opinion. Elles renforcent le niveau d’exigence des citoyens envers la probité et la transparence », avait déclaré au Monde l’ex-directeur du Trésor.
Dès février 2016 – avant que n’éclosent les affaires actuelles liées aux emplois possiblement fictifs des proches de François Fillon et de l’ex-ministre de l’intérieur Bruno Le Roux –, Transparency France avait mis en garde contre les risques liés aux emplois familiaux au Parlement, plaidant pour leur interdiction.