Cinq expériences pour s’initier à la réalité virtuelle
Cinq expériences pour s’initier à la réalité virtuelle
Par Morgane Tual, Corentin Lamy
Certains casques de réalité virtuelle sont disponibles pour quelques dizaines d’euros, à condition de posséder un smartphone. Sélections d’œuvres pour débuter.
Par où commencer ? Depuis les grands débuts de la réalité virtuelle (VR) en 2016, de nombreux films, jeux et « expériences » ont vu le jour. Et pas besoin de disposer d’un onéreux Oculus Rift ou HTC Vive pour en profiter : des casques de VR existent à partir d’une quinzaine d’euros, dans lesquels on glisse un smartphone en guise d’écran. Reste à trouver le bon contenu à y télécharger, afin de profiter au maximum du potentiel de cette nouvelle technologie. Pixels a sélectionné cinq œuvres pour s’initier à la VR.
« I, Philip » : le bon film
I Philip Teaser (Stereo 360)
Durée : 00:58
Pourquoi ne pas commencer en douceur par une séance de cinéma ? Et pas n’importe lequel : du bon cinéma. Installez-vous confortablement, si possible sur un siège pivotant pour regarder autour de vous sans risquer le torticolis. Et lancez I, Philip. Ce court-métrage, produit par Arte et réalisé par Pierre Zandrowicz, met en scène un androïde conçu à l’image de l’écrivain de science-fiction Philip K. Dick. Ou, plus précisément, vous met en scène, vous, dans la peau de ce robot : c’est de son point de vue que vous regarderez l’action se dérouler.
Et celle-ci se passe parfois dans l’esprit même de cette machine, ou du moins, dans ses circuits intégrés. Comment matérialiser la « pensée » d’une intelligence artificielle ? Ce défi donne lieu à des effets « whaouh » spéciaux qui donnent tout leur sens à la réalité virtuelle. Et même dans les scènes filmées de façon plus classique, la VR fait son effet : comment ne pas se sentir mal à l’aise quand on se retrouve allongé sur un lit d’hôpital, sous les regards compatissants de nos visiteurs ?
Arte360 VR/Cardboard
« Sonar » : sensations spatiales
Sonar | Trailer (2015)
Durée : 00:37
Passons à une aventure moins narrative, mais spectaculaire. En cinq minutes, Sonar vous plonge dans une épopée spatiale impressionnante – un genre déjà incontournable de la VR. Le pitch : seul aux commandes d’un petit module, vous découvrez un astéroïde dans lequel vous pénétrez, seul.
Sonar n’est pas interactif, il faudra donc se contenter d’être simple spectateur dans ce voyage. Parfois un peu frustrant, quand on se trouve téléporté au cœur d’un cockpit et qu’il n’y a, en apparence, qu’à tendre le bras pour intervenir sur les commandes.
Mais cela ne gâche rien aux sensations, vertigineuses. Alors que le silence se fait de plus en plus pesant au fil de la descente, la contemplation laisse place à l’inquiétude. Que trouvera-t-on au bout de cette exploration ?
Cardboard/Gear VR
« Notes on blindness » : poésie, intelligence et interaction
La réalité virtuelle reposant essentiellement sur les images, il était osé de se servir de ce procédé pour évoquer les sensations des personnes aveugles. Et pourtant, le résultat est remarquable. Primé par plusieurs festivals, Notes on blindness se base sur les enregistrements de John Hull, qui a perdu la vue en 1983 et a décidé, à l’aide d’un dictaphone, de raconter au jour le jour sa nouvelle condition.
Bercé par sa voix, le spectateur est plongé dans l’obscurité, et les personnages, objets et paysages qui l’entourent ne se matérialisent qu’au gré des sons : le grincement d’une balançoire, la brise dans les feuilles des arbres, les rires des enfants et les chaussures des passants. Le tout devient visible sous forme de délicats grains bleus et lumineux – un très beau choix graphique, magnifiquement réalisé.
Par des commandes simples, il est parfois possible d’interagir dans ce qui n’est ni tout à fait un jeu, ni tout à fait un film : une « expérience », comme on dit souvent dans le monde de la réalité virtuelle. Un moment hors du temps, instructif et poétique.
App Arte360 VR/Cardboard/Gear VR
« LoVR » : déjà un classique
Difficile de trouver un festival de réalité virtuelle qui ne présente pas LoVR : ce petit film de 5 minutes est déjà devenu un classique dans la courte histoire de la VR. Les raisons sont multiples. Sans doute d’abord parce qu’il raconte une histoire d’amour sous un angle original : les données chimiques. « Si plus de 100 000 réactions chimiques ont lieu dans votre cerveau chaque seconde, alors à quoi ressembleraient les données d’un coup de foudre ? », peut-on lire sur le site du studio à l’origine de LoVR.
Pour matérialiser cela, le film nous fait voyager dans une infographie géante, au son d’une musique rythmée par les battements du cœur du protagoniste, qu’on ne peut qu’imaginer. Un film ingénieux, soigné et original dont on ressort émerveillé et tout retourné, comme une belle histoire d’amour. La nausée en plus.
App Within/Cardboard/Gear VR
« S.E.N.S VR » : entre jeu vidéo et bande-dessinée
SENS VR - Trailer 360
Durée : 00:58
C’est tout naturellement que le jeu vidéo, média de l’immersion par excellence, a fait de la réalité virtuelle son terrain d’expérimentation privilégié. Problème : les casques d’entrée de gamme sont généralement dépourvus de contrôleur, limitant les interactions possibles. S.E.N.S VR, adaptation de la bande dessinée de Marc Antoine Mathieu financée par Arte, contourne habilement le problème : ici, le joueur se dirige au regard, en cherchant, pour avancer, les flèches qui, comme dans la BD, parsèment le désert et ses paysages mystérieux.
Jeu sans challenge, S.E.N.S VR est pourtant une rencontre doublement évidente. D’abord parce que, par son épure et son dépouillement, il épargne au joueur l’agression visuelle que représente parfois la réalité virtuelle. Ensuite, et surtout, parce qu’en s’affranchissant du support papier pour embrasser la troisième dimension, S.E.N.S VR creuse encore davantage le sillon du jeu sur les points de vue et les perspectives, déjà au cœur de l’œuvre originale de Marc Antoine Mathieu.
App Arte360/Cardboard/Gear VR