La Guyane entame sa deuxième semaine de mouvement social. Des milliers de Guyanais étaient rassemblés mardi 4 avril à Kourou, d’où décollent les fusées Ariane, pour affirmer leur « détermination » à poursuivre leur mobilisation, après l’échec des négociations avec le gouvernement ce week-end.

Les manifestants protestaient contre les propos de Bernard Cazeneuve, qui a appelé, lundi 3 avril, à « refuser la démagogie » de ceux qui, à Paris comme à Cayenne, « réclament des milliards ». Le premier ministre a rejeté la demande, qu’il a qualifiée d’« irréaliste », des meneurs du mouvement social en Guyane de porter à 2,5 milliards d’euros le plan d’urgence du gouvernement, en appelant à « poursuivre le dialogue » après l’échec des négociations.

« Il faut que la voix du peuple guyanais réuni soit plus forte que celle de l’État », a lancé au mégaphone Francis Nugent, artiste et enseignant guyanais.

« Le social se meurt, la délinquance demeure »

De nombreux manifestants portaient un t-shirt noir sur lequel est inscrit « Nou bou ké sa » (« On en a marre »), également clamé haut et fort dans le cortège. D’autres, des Amérindiens, coiffés de chapeaux à plume, portaient des t-shirts rouges. Des drapeaux guyanais, vert et jaune, une étoile rouge au milieu, étaient également brandis.

La foule, massée sur le rond-point qui mène au site du Centre spatial guyanais, répondait par des slogans : « Pas d’école, pas de décollage », « pas de santé, pas de fusée ». Sur des banderoles, on pouvait lire : « Le social se meurt, la délinquance demeure », ou « On assassine le social, dernière sommation ».

« Quand je suis arrivée ici, on laissait la maison grande ouverte. Petit à petit, les choses se sont dégradées. A Kourou, la population s’est appauvrie, le pouvoir d’achat a baissé. On s’adapte à la situation mais ce n’est pas normal », confie Claire Talloneau, une comptable de 63 ans, depuis trente-cinq ans en Guyane.

Le collectif « Pou La Gwiyann dékolé » (Pour que la Guyane décolle), qui regroupe l’ensemble des mouvements protestataires, avait annoncé dimanche un durcissement de la mobilisation, expliquant rentrer « dans un rapport de force avec l’État ».

Ce mouvement social, d’une ampleur inédite dans le département, est basé sur des revendications sécuritaires, économiques et sociales, ainsi que sur la méfiance face à l’État, accusé de sous-investissement depuis des décennies.