L’essor des productions françaises se confirme
L’essor des productions françaises se confirme
LE MONDE ECONOMIE
La fiction a été le genre le plus aidé par le CNC en 2016, avec une progression de 23,7 % du volume horaire soutenu. L’animation bénéficie du crédit d’impôt audiovisuel.
Kad Merad incarne Philippe Rickwaert dans la série « Baron Noir ». | JEAN-CLAUDE LOTHER/CANAL+
C’est un fait désormais bien établi : la fiction française est en bonne santé. A son tour, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) vient le confirmer, à travers son Observatoire de la production audiovisuelle pour l’année 2016, présenté lundi 10 avril.
Pour le genre de la fiction, « le succès est au rendez-vous et s’inscrit dans la durée », rappelle la présidente du CNC, Frédérique Bredin, citant des productions comme Baron Noir, Dix pour cent ou Le Bureau des légendes. En France, en 2016, 82 des 100 meilleures audiences de fiction ont été réalisées par des œuvres françaises. Ces productions parviennent aussi, pour un nombre croissant, à s’exporter.
Sans surprise, le genre a été en 2016 le plus aidé par le CNC, avec une progression de 23,7 % du volume horaire soutenu (897 heures au total). Cette croissance est surtout portée par le format 52 minutes et les séries, alors que les productions unitaires et les 90 diminuent. Les dépenses sont localisées en France de façon croissante, grâce au crédit d’impôt audiovisuel. Le CNC s’attend à voir la barre des 1000 heures de fiction franchie en 2017, sous l’effet des deux nouveaux feuilletons quotidiens annoncés par TF1 et France Télévisions.
Une politique plus sélective
Autre genre en développement : l’animation, avec 388 heures aidées (+ 36,1 %). Le CNC y voit l’effet de sa nouvelle politique de soutien au genre, amorcée en 2015, et qui a provoqué une concentration de projets sur 2016, entraînant une progression des aides de 68,8 % en un an. Là aussi, le crédit d’impôt audiovisuel a incité à relocaliser les productions : 81 % des dépenses ont eu lieu en France.
Le documentaire reste le deuxième genre aidé derrière la fiction, mais le montant des aides a diminué en 2016 (– 8,1 %). C’est l’effet d’une politique plus sélective destinée à réserver les aides aux œuvres présentant un certain niveau de création originale. C’est aussi l’effet de moindres apports des diffuseurs, à l’exception des chaînes publiques. La réorientation des aides a réduit la part des sujets de société (– 194 heures), qui restent toutefois le genre dominant, devant l’histoire (13,4 % des heures produites). En 2017, les documentaires dits « fragiles » pourront être aidés jusqu’à 80 % d’argent public.
Autre genre en repli, l’adaptation visuelle de spectacle vivant (– 7 %), avec une baisse du nombre d’heures produites notamment par les chaînes locales et les plates-formes en ligne.
Du côté des nouveaux médias, auxquels un peu moins de 3 millions d’euros ont été accordés, le CNC observe « une forte croissance de la production des séries digitales et des œuvres en réalité virtuelle ».
Le secteur de la production reste dense, avec 743 producteurs aidés en 2016, dont 42,3 % collaborant à la production de moins de deux heures. C’est dans le documentaire qu’ils sont le plus nombreux, avec 418 producteurs aidés. Toutefois, le CNC identifie une tendance à la concentration, attestée par le développement de la production interne des chaînes et le rachat de producteurs (Newen, Banijay-Zodiak) par des diffuseurs (TF1, Vivendi).
« Soutenir des jeunes créateurs »
Malgré un léger recul du nombre total d’heures aidées en 2016, à 4 864 heures (– 1,6 %), le montant des aides accordées par le CNC a été le plus élevé de son histoire, à 275,4 millions d’euros (+ 14,2 %). Du côté des diffuseurs, les chaînes historiques ont accompagné cet essor, avec une progression de 20,1 % de leurs apports (716,9 millions d’euros).
Mais les chaînes de la TNT, plus jeunes et bénéficiant d’obligations moins contraignantes, n’ont augmenté leurs apports que de 5,1 % (à 34,1 millions d’euros). Peu élevé, ce montant contraste avec la part d’audience acquise par ces chaînes (29,3 % en 2016 selon Médiamétrie). « Il serait important que ces chaînes financent davantage la création », énonce Mme Bredin, appelant à demi-mot à une évolution législative en ce sens.
Autre évolution législative, cette fois déjà engagée : la taxe sur les revenus publicitaires des sites mettant à disposition des vidéos gratuites ou payantes sur Internet, dite « taxe YouTube », adoptée par le Parlement en décembre 2016. Celle-ci viendra alimenter un fonds « destiné à soutenir des jeunes créateurs ». Au-delà, la perspective la plus probante pour la production française reste l’exportation, qualifiée par le CNC de « seul financement avec un vrai potentiel de croissance ».