Le FMI prédit une accélération de la croissance mondiale pour 2017 et 2018
Le FMI prédit une accélération de la croissance mondiale pour 2017 et 2018
LE MONDE ECONOMIE
Le Fonds monétaire international a relevé ses prévisions de croissance pour 2017 mais met en garde contre la persistance de « risques considérables ».
Enfin. Après de multiples à-coups et toussotements, le moteur de l’économie mondiale semble redémarrer plus franchement. Dans ses dernières prévisions publiées mardi 18 avril, à Washington, à l’occasion de ses traditionnelles réunions de printemps, le Fonds monétaire international (FMI) s’autorise pour une fois un peu d’optimisme : la croissance mondiale, prédit-il, devrait accélérer à 3,5 % en 2017 après 3,1 % en 2016, sur fond de reprise de l’investissement, de la production et du commerce.
Le Fonds rehausse ainsi son scénario de 0,1 point de pourcentage, comparé à ses prévisions de janvier. Un progrès modeste mais pas anecdotique. Depuis la crise financière de 2008, ses réévaluations ont presque toujours eu lieu dans un seul sens : à la baisse. « Nous pourrions nous trouver à un tournant », a estimé le chef économiste du FMI, Maurice Obstfeld, en présentant ce rapport intitulé : « Un nouvel élan ? ». En 2018, la croissance devrait encore légèrement rebondir, à + 3,6 %.
Les ingrédients de cette amélioration sont variés. Du côté des économies avancées, aux Etats-Unis, les promesses du nouveau président Donald Trump en faveur d’un plan de relance dans les infrastructures et d’une baisse de la fiscalité ont euphorisé les Bourses. Bien dosée, la dépense publique pourrait permettre au produit intérieur brut (PIB) américain de croître de 2 % en 2017 (contre 1,7 % en 2016). En Europe, l’économie britannique n’a pas fléchi sous l’effet du Brexit, en dépit de pronostics alarmistes. La croissance du Royaume-Uni est attendue à + 2 % pour 2018.
Redémarrage des pays émergents et en développement
La zone euro voit, elle aussi, ses prévisions légèrement revues à la hausse (+ 1,7 % en 2017, soit 0,01 point en plus par rapport à janvier) tout comme la France (+ 1,4 %, soit 0,01 point en plus). Les pays de l’union monétaire devraient bénéficier d’un euro plus faible, de politiques budgétaires moins restrictives et des retombées de la relance américaine.
L’essentiel de la reprise vient toutefois du redémarrage des pays émergents et en développement. Les situations sont contrastées d’une région à l’autre : ainsi l’Amérique latine devrait progresser six fois moins vite que l’Asie émergente. Mais la remontée des cours du pétrole, des métaux de base et des matières premières agricoles soulage les pays exportateurs. L’activité en Chine a aussi surpris par sa robustesse. Soutenue par différents stimulus monétaires et budgétaires, la croissance du géant asiatique est prévue à 6,6 % cette année.
La reprise est-elle pourtant aussi ferme qu’on voudrait l’espérer ? En 2011, une même accélération s’était déjà esquissée, finalement interrompue par une brusque rechute. Prudence, réclame donc le FMI qui insiste : « Si la croissance pourrait être supérieure aux attentes à court terme, des risques considérables continuent d’assombrir les perspectives à moyen terme. »
Des incertitudes liées à la nouvelle administration américaine
Au cœur des incertitudes : la politique économique qu’entend poursuivre la nouvelle administration américaine. Reprenant un thème popularisé par l’élection de M. Trump, le rapport évoque « la désillusion grandissante vis-à-vis de la mondialisation » éprouvée au sein des opinions occidentales. Et met en garde contre toute tentation d’y répondre par des mesures protectionnistes. « Céder à ces pressions reviendrait à s’automutiler, car il en résulterait une hausse des prix pour les consommateurs et les entreprises, une baisse de la productivité et donc une diminution du revenu réel global pour les ménages », avertit M. Obstfeld.
Le rapport pointe aussi les inconnues de la grande relance fiscale promise par le nouvel hôte de la Maison Blanche. Mal calibrée, celle-ci pourrait faire déraper le déficit et l’inflation, au risque de propulser au sommet le dollar et les taux d’intérêt américains. De quoi accentuer les déséquilibres globaux et durcir les conditions financières pour les émergents.
Enfin, le Fonds ne nomme pas explicitement M. Trump quand il alerte sur les dangers d’une dérégulation financière. Mais alors que celui-ci a clamé vouloir détricoter la loi Dodd-Frank, adoptée par son prédécesseur Barack Obama pour mieux encadrer la finance, un retour en arrière par rapport aux mesures adoptées depuis la crise « accroîtrait la probabilité de crises financières coûteuses à l’avenir », est-il écrit.
L’Europe et la Chine également visées
Les Etats-Unis ne sont pas seuls visés par les mises en garde du Fonds. En Europe, les élections, la gestion du Brexit, les bilans dégradés de certaines banques font aussi peser des risques. En Chine, la boulimie de crédit, géré par l’intermédiaire d’un système financier opaque, n’est pas moins inquiétante. A charge pour les gouvernements de ne pas tourner le dos aux problèmes et de s’attaquer enfin aux réformes structurelles capables de consolider la reprise naissante. Celles-là doivent permettre de rendre les populations plus résilientes aux mutations induites par le changement technologique et la mondialisation. Une condition sine qua non pour recréer l’adhésion à un système économique fondé sur l’intégration commerciale et la coopération.