Après un attentat suicide à la voiture piégée contre le siège de la police, qui a fait six morts, à Kaboul, le 2 mars. | SHAH MARAI / AFP

Tenue correcte exigée en ligne. Hyperactive sur Internet, l’organisation Etat islamique (EI) n’en finit décidément plus d’agir comme un repoussoir. Et un acteur inattendu a donné de la voix, ce mois-ci, pour s’opposer à de présumées dérives constatées sur les réseaux sociaux : l’émirat islamique d’Afghanistan.

Si les talibans se félicitent de leur succès sur la Toile – « Les réseaux sociaux sont les outils les plus influents et prestigieux du monde de l’information », estiment-ils –, les insurgés islamistes afghans constatent avec déplaisir que les pratiques de leurs rivaux – qui les défient sur le terrain en Afghanistan même – semblent gagner leurs propres sympathisants en ligne.

Dans le dernier numéro de sa revue numérique, Al-Somood, le groupe s’en prend ainsi à « certains » de ses sympathisants arabophones, à qui il est instamment demandé de respecter les règles de la « décence « et de la « moralité » pour ne pas écorner l’image des moudjahidin sur le terrain. Ce qu’il leur reproche ? « Leur grossièreté », « un comportement inapproprié », « une agressivité malvenue et contre-productive à l’égard de leurs détracteurs » ainsi qu’un niveau de langage et grammatical qui laisse à désirer…

S’en tenir à la propagande officielle

Autrement dit, soucieux de maîtriser leur communication, les talibans veulent en finir avec leurs « trolls » – ces intervenants qui lancent volontairement des polémiques en ligne dans le seul but de provoquer les autres, selon la définition communément admise.

« Tous les frères engagés dans le djihad et la prédication, actifs sur Twitter, Facebook, Telegram, WhatsApp… », sont donc tenus de se conformer à une charte en treize points, rédigée par les responsables de la communication du groupe, où il s’agit surtout, sur le fond, de s’en tenir à la propagande officielle. Mouvement hiérarchisé et centralisé sur le terrain, les talibans aimeraient donc faire la police sur les réseaux sociaux, « un outil prestigieux utilisé par des milliards d’individus » dont ils découvrent quelques inconvénients.