En quatre thématiques – et quinze tribunes – une brève sélection des tribunes publiées par « Le Monde » au cours de cette campagne présidentielle. | JEAN CLAUDE COUTAUSSE / FRENCHPOLITICS POUR LE MONDE

La campagne en vue de la présidentielle a suscité bien davantage de débats que ce que l’on en a dit. Les affaires et la recomposition du paysage politique ont amené différentes prises de position pour ou contre différents candidats. Dans ce contexte, il est aussi apparu nécessaire pour plusieurs intellectuels de repenser la démocratie et la place de la morale en politique. Voici, en quatre thématiques – et quinze tribunes –, une brève sélection des tribunes publiées par Le Monde au cours de cette campagne.

Les affaires et la morale en politique

André Comte-Sponville : « En politique, l’échec est plus grave que le mensonge ». Dans un entretien, le philosophe, auteur d’une œuvre consacrée à l’éthique et la morale, revient sur les mensonges, trahisons et reniements qui marquent l’élection présidentielle.

Pierre Rosanvallon : Les propos de Fillon « marquent un tournant populiste dans la campagne ». Pour le professeur au Collège de France, les propos de François Fillon à l’encontre des magistrats après l’annonce de sa convocation pour une mise en examen marquent le point de « basculement démocratique ».

Jean-Pierre Martin : « Une suite d’erreurs, ça pourrait faire un gros livre de confessions ». L’écrivain ironise sur ces hommes politiques qui, face aux affaires, ne semblent ressentir aucune honte, comme si leur surmoi les avait abandonnés.

Jean-Eric Schoettl : La machine à « éliminer Fillon rappelle les procès staliniens ». L’ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel estime que le candidat François Fillon est plus malmené que le justiciable ordinaire. Pour lui, l’électeur est devenu l’otage de la procédure.

Recomposition du paysage politique

Philippe Raynaud : En France, quelle recomposition politique ? L’universitaire estime que la France ne vit pas une crise de régime, mais un délitement du système des partis.

Pascal Bruckner : Macron « veut être élu mais il veut d’abord être aimé ». L’essayiste estime que le candidat du mouvement En marche ! confond le goût du pouvoir avec le pouvoir de l’amour.

Marc Mossé : « Cette élection du grand remplacement démocratique est le moment de redonner à la gauche sa liberté ». L’élu socialiste que le PS a vécu et qu’un « grand remplacement démocratique » est en cours. La gauche « hors les murs », camp du progrès, doit embrasser la transformation qu’incarne Emmanuel Macron.

Jean-Louis Margolin : Le « marxisme pour bébés » du leader de la France insoumise. L’historien souligne que le talent de tribun du candidat de la France insoumise fait passer au second plan un programme irréaliste et dangereux.

Michaël Fœssel : « Mélenchon a intégré la tradition antitotalitaire ». Le philosophe s’élève contre ceux qui voient dans le programme du candidat de La France insoumise une possible dérive dictatoriale.

Collectif : « Soutenir Benoît Hamon, c’est avant toute chose respecter la démocratie ». Pour ce collectif composé d’universitaires, de journalistes et d’artistes, parmi lesquels Philippe Torreton, Dominique Méda et Thomas Piketty, le mépris que les dirigeants socialistes opposent au vote citoyen est intolérable.

Politique étrangère et Europe

Jürgen Habermas : « Une rupture dans l’histoire de la République française ». Dans un entretien au Monde et à l’hebdomadaire Die Zeit, le philosophe allemand voit dans l’éventuelle victoire d’Emmanuel Macron la possibilité de faire voler en éclats l’opposition sclérosée entre la droite et la gauche et d’endiguer en partie l’essor du Front national.

Pierre Grosser : « L’hystérie des frontières a souvent fait le malheur des hommes ». Le professeur à Sciences Po revient sur l’idée évoquée par Jean-Luc Mélenchon, lors du débat télévisé du 20 mars, d’une conférence européenne sur la sécurité où il serait question de rediscuter des frontières (notamment à l’est).

Extrême droite

Collectif : Le programme antieuropéen de Marine Le Pen dénoncé par vingt-cinq Nobel d’économie. Des lauréats du célèbre prix, parmi lesquels Joseph Stiglitz et Jean Tirole, se prononcent en faveur de l’Europe.

Arno et Serge Klarsfeld : « Le Vél’d’Hiv est un crime ineffaçable de l’Etat français ». Dimanche 9 avril, Marine Le Pen a nié « la responsabilité de la France » dans l’arrestation de 13 000 juifs en 1942. Pour les deux avocats, la candidate n’a pas rompu avec son père.

Collectif : « La Constitution donne trop de pouvoir au président pour le confier au FN ». Un collectif composé de juristes, comme Patrick Wachsmann et Denis Baranger, estime que la Ve République permet au Président de cumuler les pouvoirs législatif et exécutif et que confier une telle autorité à Marine le Pen ferait courir un grave danger à la démocratie.