Le Français qui ressuscite Thomson dans les PC
Le Français qui ressuscite Thomson dans les PC
LE MONDE ECONOMIE
La marque fait un retour en force dans le secteur de l’électronique. Elle fait même jeu égal avec la concurrence avec ses ordinateurs made in France à prix abordables.
Le rayon micro-informatique d’un magasin Fnac, à Paris. | MIGUEL MEDINA / AFP
On a peine à le croire et pourtant c’est ainsi : l’ordinateur le plus vendu en France depuis le début de l’année est français. Oui, français. Il est resté en tête des ventes durant cinq semaines au cours du premier trimestre dans les grandes surfaces, selon l’institut GfK. Les Apple, HP et autres Acer battus à plate couture par un PC made in France, signé Thomson. Si la marque avait connu son heure de gloire au début des années 1980, avec ses TO7 et MO5, elle avait abandonné le secteur de l’électronique grand public depuis longtemps.
Rivaliser avec les meilleures machines
Relancer cette marque informatique, fabriquer un PC français capable de rivaliser avec les meilleures machines du marché : il fallait probablement avoir « été élevé avec des produits Thomson » pour songer à relever ce défi. L’idée est en tout cas devenue « l’ultime projet » d’un homme comme doublement destiné à cette mission : Stéphan Français, 48 ans, fils d’un ancien ingénieur de chez Thomson. Entré chez Surcouf – la grande surface informatique – en 1998 comme vendeur, il est rapidement propulsé directeur des achats. Ces dix ans sous l’enseigne lui permettent de tisser « un solide réseau dans les meilleures usines chinoises, parmi les distributeurs français, les enseignes spécialisées, les sites internet. »
En 2013, Stéphan Français sonne à la porte de Technicolor, l’ex-Thomson, et reprend la marque de son enfance pour créer la société SFIT Thomson, avec un capital de 200 000 euros. Son constat : « Les grandes marques sont plus lentes que l’avancée technologique. » Comme elles ont une très importante production, elles doivent les laisser plus longtemps au catalogue, et vendre à perte les dernières unités. Pour cela, elles sont obligées de faire de grosses marges sur les premières.
A l’inverse, grâce à un circuit plus court, une équipe resserrée, une production plus restreinte et des délais réduits, Thomson propose « des produits plus technologiques » et plus abordables. Si la plupart restent ainsi assemblés en Chine, l’entreprise dispose aussi d’une chaîne de production à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), suite à un partenariat avec l’Association des paralysés de France. « Nous produisons en huit jours là où des marques reconnues le font en cinq semaines en Roumanie ou en Pologne », détaille M. Français. Les résultats sont là : 11,4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014, des perspectives à 60 millions pour 2017.
En attendant, mardi 25 avril, à Paris, M. Français devait présenter sa nouvelle collection et son nouvel actionnaire, dont la silhouette imposante figure désormais sur les emballages des PC Thomson : le double champion olympique de judo, Teddy Riner. Un champion français, bien sûr.