Alain Juppé à Bordeaux le 7 mai. | NICOLAS TUCAT / AFP

Ni « obstruction systématique » ni « opposition frontale ». Alain Juppé a exclu, mardi 9 mai, de s’opposer par principe à Emmanuel Macron si le parti Les Républicains (LR) et l’Union des démocrates et indépendants (UDI, centre droit) n’obtenait pas la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale à l’issue des législatives les 11 et 18 juin.

S’exprimant devant la presse avant un conseil municipal de sa ville, Bordeaux, l’ancien candidat de la primaire de la droite a déclaré :

« Certains évoquent l’hypothèse d’une majorité absolue [de l’alliance LR-UDI] qui amènerait à une situation de cohabitation. Si tel n’était pas le cas, il faudrait évidemment que chacun prenne ses responsabilités. »

« Pour ma part, je ne suis pas dans l’état d’esprit d’une obstruction systématique et d’une opposition frontale », a-t-il ajouté. « Il faudra faire en sorte que la France réussisse les réformes dont elle a besoin. Il faut faire passer l’intérêt national avant toute autre considération. »

Mais « ce sont les électeurs qui décideront » dans des élections où « l’offre est abondante », a expliqué M. Juppé, qui juge toutefois « légitime, et (…) même nécessaire, que Les Républicains et l’UDI présentent des candidats sur la base d’une plate-forme qui exprime bien les diverses sensibilités de la grande famille de la droite et du centre ».

Des juppéiste pressentis au gouvernement

L’attitude des proches d’Alain Juppé est l’une des inconnues du comportement de la droite face au gouvernement Macron, thème qui devait être abordé lors du bureau politique de LR, mardi après-midi. Les noms de plusieurs proches du maire de Bordeaux sont ainsi régulièrement cités pour faire leur entrée dans l’équipe gouvernementale du nouveau président de la République, comme Edouard Philippe et Benoist Apparu.

Interrogé sur Edouard Philippe, dont le nom circule pour le poste de premier ministre, Alain Juppé a répondu que le maire LR du Havre était un « assez grand garçon pour décider par lui-même », louant « un homme de grande qualité pour qui [il a] beaucoup d’estime et d’amitié ». Un tel rapprochement devrait se faire « évidemment sur la base d’un projet », « d’un ensemble de réformes », a insisté l’ex-premier ministre, estimant que « chaque fois qu’il y a eu par le passé des débauchages personnels, on a vu ce que ça a donné (…) ça n’a pas véritablement changé la donne politique ».

Quant à une éventuelle participation de sa part au gouvernement Macron, Alain Juppé a affirmé n’avoir « pas l’intention de [se] lancer à nouveau dans la politique nationale et de redescendre dans l’arène ».

« Une coalition plutôt qu’une confrontation »

Lors du bureau politique du parti, mardi après-midi, l’ancienne porte-parole de M. Juppé, Fabienne Keller, a, elle, fait savoir sur Twitter qu’elle défendrait « l’objectif d’une coalition plutôt qu’une confrontation » . « Il faut construire avec Emmanuel Macron et non contre lui », a ajouté la sénatrice du Bas-Rhin.

Pour l’heure, seul Bruno Le Maire, député de l’Eure, a fait un pas vers un rapprochement avec Emmanuel Macron avant les législatives. Dès le soir de l’élection du nouveau président de la République il s’est dit disposé à « travailler dans une majorité de gouvernement ». Il a ensuite assuré qu’il était prêt à prendre l’étiquette de La République en marche pour les législatives, malgré la menace d’exclusion de son parti si tel était le cas.