Magazine sur France 3 à 23 h 30

Trois jours après l’élection d’Emmanuel Macron à la magistrature suprême, « Pièces à conviction » lève le voile sur les secrets du ­financement de la campagne présidentielle qui vient de s’achever. Lors du précédent scrutin, Nicolas Sarkozy avait dû rembourser une partie des dépenses engagées, ses comptes ayant été invalidés par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Les postulants à l’Elysée ont donc pris un soin particulier pour respecter la loi. On saura dans quelques mois, lorsque la CNCCFP aura ­examiné leurs dépenses, s’ils sont restés dans les clous.

Pendant six mois, Stéphane ­Girard a décortiqué les mécanismes du ­financement des principaux candidats. Un travail qui n’a pas toujours été facile, même auprès de ceux qui revendiquaient la transparence. Ainsi, chez ­Emmanuel Macron, il a fallu un peu forcer les portes. Le candidat d’En marche ! ne bénéficiant d’aucune subvention publique, il n’a pu compter que sur les dons pour obtenir les fonds nécessaires à l’organisation de meetings, à l’impression d’affiches ou au paiement des loyers de son QG et des salaires de ses ­employés. Soutenu par de ­riches bienfaiteurs, Emmanuel Macron n’a pas souhaité communiquer leurs noms. La loi ne l’y oblige pas, et il a toujours ­affirmé qu’il respectait les règles.

Si les entreprises ne peuvent pas financer les partis politiques, les particuliers peuvent donner jusqu’à 7 500 euros par an pour soutenir un candidat. Le journaliste montre que cette somme peut atteindre 39 200 euros par foyer pour une campagne qui s’étale sur deux ans. Résultat : les grands donateurs représenteraient 40 % des sommes versées pour épauler le président d’En marche !

Collecte de fonds auprès des militants à l’entrée du meeting de campagne de Marine Le Pen à Villepinte (Seine-Saint-Denis) le 1er mai. | FRANCOIS MORI/ AP

Benoît Hamon, quant à lui, s’est engagé à publier le nom de ceux qui lui versaient plus de 2 500 euros pour sa campagne. Il est vrai que ses subsides provenaient essentiellement du Parti socialiste, qui bénéficie d’un ­financement public. Jean-Luc ­Mélenchon a, pour sa part, pu profiter du soutien des militants. Le cas de François Fillon est particulier. Il a pu financer sa campagne avec les fonds fournis par Les Républicains, mais surtout de la manne récoltée lors de la primaire, où chaque électeur donnait 2 euros pour participer au scrutin. Ayant échoué à se qualifier pour le second tour, il n’a pas utilisé tout l’argent. Et à ce jour, François Fillon ne l’a pas encore reversé à son camp.

Ce sont sans doute les mécanismes de financement de Marine Le Pen qui ont été les plus difficiles à percer. Wallerand de Saint-Just, le trésorier du Front national, a ­refusé de recevoir le journaliste de « Pièces à conviction », alors que tous ses homologues ont ­accepté. C’est finalement auprès d’un proche de Jean-Marie Le Pen que Stéphane Girard a obtenu des réponses. Depuis des dizaines d’années, le FN et les micropartis qui gravitent autour de lui ont mis en place un système original afin de mettre à profit le financement public. La justice s’intéresse déjà à Jeanne, le microparti de Marine Le Pen. Après cette ­enquête, elle va peut-être se ­pencher sur Cotelec, celui de Jean-Marie Le Pen.

Président à tout prix : enquête sur les millions de la campagne, de Stéphane Girard (France, 2017, 52 minutes).