Des journalistes manifestent, à Guadalajara, le 16 mai, contre les violences les visant, après l’assassinat de l’un de leurs confrères, Javier Valdez. | HECTOR GUERRERO / AFP

Dimanche 21 mai, 186 correspondants étrangers travaillant au Mexique ont publié une lettre ouverte afin de condamner l’assassinat de leur confrère mexicain Javier Valdez, le 15 mai. Représentant 69 médias internationaux, dont Le Monde, les signataires dénoncent « la recrudescence des agressions contre les journalistes » dans ce pays.

Inédite au Mexique, l’initiative rejoint la vague d’indignation, nationale et internationale, provoquée par la mort de cet expert reconnu du crime organisé. Correspondant régional du quotidien mexicain La Jornada et pigiste pour l’Agence France Presse, il a été criblé de balles à quelques mètres des bureaux de Riodoce, l’hebdomadaire que le quinquagénaire avait fondé en 2003, à Culiacan, dans l’Etat de Sinaloa (nord-ouest), berceau du narcotrafic mexicain.

C’est le sixième meurtre d’un journaliste en 2017 au Mexique. Plus de cent journalistes mexicains ont été tués depuis 2000, dont onze en 2016, plaçant le pays au troisième rang des pays les plus meurtriers pour la presse après la Syrie et l’Afghanistan, selon Reporters sans frontières.

Lutter contre l’impunité

Dimanche, les correspondants ont demandé un « engagement réel et déterminé » de la part du gouvernement pour lutter contre l’impunité. Au Mexique, 99 % des assassins de professionnels des médias ne sont jamais arrêtés.

La déclaration a été signée par des représentants des principales agences de presse (AFP, AP, Reuters, EFE, DPA, Bloomberg), des journaux (New York Times, Washington Post, El Pais, Financial Times, Wall Street Journal, The Guardian, Le Monde, Le Figaro, Libération) et de l’audiovisuel (ABC, Al Jazeera, BBC, DW, RFI, RCN, RTVE, Univision).

Le communiqué souligne qu’un « accès efficace à la justice est fondamental pour freiner les agressions et assurer l’exercice du journalisme dans des conditions de sécurité et de liberté ».

Le 17 mai, le président mexicain, Enrique Peña Nieto, a annoncé des mesures exceptionnelles, dont le renforcement des moyens alloués au parquet spécial, créé en 2010, pour enquêter sur les crimes et menaces contre la liberté d’expression. Son plan prévoit aussi d’étendre les mécanismes de protection des journalistes (gardes du corps, bouton d’alerte, caméras de surveillance…), qui protègent déjà 196 professionnels menacés.

Les correspondants étrangers, qui se sont mobilisés spontanément, espèrent que « l’assassinat de Javier Valdez marquera un tournant qui mette fin aux agressions contre la presse, rempart fondamental de toute démocratie ».