Polémique sur le « joli décolleté » préconisé lors d’une remise de diplôme
Polémique sur le « joli décolleté » préconisé lors d’une remise de diplôme
Par Gabrielle Ramain
L’Université libre de Bruxelles a conseillé par mail à ses étudiantes de porter « une robe » et un « joli décolleté » pour leur remise de diplômes, puis s’est excusée.
Un extrait du mail à l’origine de la polémique | Page Facebook « UBL Confessions »
Après le doyen de la Faculté de médecine, c’est le recteur de l’Université libre de Bruxelles (ULB) qui s’est expliqué dans un long e-mail, jeudi 1er juin, pour un message envoyé la semaine précédente en vue de la remise de diplômes. « Il est préférable que les étudiantes revêtent une robe ou une jupe ainsi qu’un joli décolleté », précisaient ces consignes aux futurs diplômés de médecine, qui ont fait largement polémique.
Relayé par le compte Facebook « ULB Confessions », qui diffuse habituellement des plaisanteries sur la vie étudiante, cet e-mail a été partagé plusieurs centaines de fois, suscitant, dans les commentaires et sur Twitter, l’indignation des internautes. Parmi ceux qui ont relevé le caractère déplacé et sexiste du mail, la députée fédérale Catherine Fonck :
@catherinefonck Le #sexisme pour certains à encore de beaux jours devant lui #pathetique ça devrait être condamna… https://t.co/wzAXO0hBsO
— DidierNOCLAIN (@didier NOCLAIN)
encore un "cas isolé" de sexisme, encore dans un courrier, encore en médecine; encoreà l'#ULB. https://t.co/DFmD7sc4xX
— Benoit_Dupont (@Benoit Dupont)
Plusieurs médias étrangers, dont la BBC et le journal allemand Der Spiegel, ont également évoqué ce message.
Excuses du doyen
Dans son mail du 1er juin à tous les étudiants de l’ULB, le recteur (équivalent du président de l’université) a rappelé qu’il « appartient à l’institution d’assumer la faute commise ». Il a aussi déploré « des messages similaires » qui auraient « été envoyés les années précédentes ». Une capture d’écran d’un tel message a d’ailleurs circulé mardi ur les réseaux sociaux.
Un mail similaire à celui à l’origine de la polémique, qui daterait de 2012 | Page Facebook « UBL Confessions »
« Le doyen de la faculté de médecine a été prévenu très rapidement et s’est excusé auprès des étudiants à la fois par mail et sur les réseaux sociaux », rappelle également Nicolas Dassonville, porte-parole de l’ULB. C’est une des secrétaires du département qui est à l’origine de cet e-mail, « un geste maladroit » d’après le porte-parole, qui précise qu’une réunion avec le personnel s’est tenue lundi matin :
« Le but n’était pas d’avoir une sanction disciplinaire, mais une discussion sur le caractère déplacé de cet email », l’occasion aussi d’aborder « les mesures possibles pour éviter que cela se reproduise. »
Page Facebook de l'ULB
« Insuffisant » pour Alix Leroy, représentante étudiante à l’ULB chargée des questions de sexisme. Elle reconnaît que le geste « est probablement une maladresse » mais estime qu’il « est révélateur du sexisme ordinaire qui règne encore à l’université ». Sur les réseaux sociaux, plusieurs élèves de l’ULB évoquent des « considérations purement esthétiques », pour que rien ne dépasse de la toge obligatoire lors de la remise de diplôme.
Mais pour la représentante étudiante, conseiller aux étudiantes de porter une robe, un vêtement « typiquement associé aux femmes » reste « en soi déjà problématique ». Alix Leroy regrette que l’université n’ait pas « saisi cette occasion pour provoquer une réflexion plus large sur le campus ». Elle a également demandé à ce qu’une « commission disciplinaire » soit mise en place afin d’appliquer une « charte anti-sexisme ».
L’université ne s’est pas prononcée sur une éventuelle mesure de ce type, mais Nicolas Dassonville reconnaît que « cet incident démontre qu’il reste encore beaucoup de travail à faire sur la question du sexisme ». L’établissement dispose d’ores et déjà d’une « charte pour l’égalité des genres » dans laquelle l’administration s’engage, entre autres, à mettre en place « une politique en faveur de l’égalité des femmes et des hommes », notamment à travers ses « moyens de communication ». Pourtant, témoigne Alix Leroy, les étudiantes « se font régulièrement siffler et interpeller » sur le campus, « et les professeurs se permettent encore des remarques sexistes durant les cours ».