Législatives en Dordogne : Mais où est passé le Front national ?
Législatives en Dordogne : Mais où est passé le Front national ?
Par Elvire Camus (Envoyée spéciale à Sarlat-la-Canéda, Dordogne)
Alors que les autres candidats distribuent leurs tracts et s’affrontent en réunion publique, le FN est quasi-inexistant de la campagne dans la 4e circonscription de Dordogne. Un reportage de notre série Françaises, Français.
A l’ombre de parasols qui ne préservent pas du tout de la température écrasante de ce début d’après-midi à Sarlat-la-Canéda, François Coq, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts dans la 4e circonscription de Dordogne, s’essaie au périlleux exercice des pronostics. Avec pas moins de 17 candidats en lice, dont des dissidents à gauche et à droite, difficile de prédire qui sera au second tour. Plusieurs noms de « qualifiables » lui viennent spontanément en tête. Il évoque les candidats du PS et des Républicains, les dissidents PS et LR, ceux de La République en marche, de La France insoumise… Sans oublier le sien. Après une pause, il ajoute : « Eh puis, bien sûr, il y a le FN. »
On oublierait presque de le compter dans l’équation des législatives, tant le Front national est « quasi inexistant dans la campagne », souligne-t-il. Pourtant, en Dordogne, Marine Le Pen a recueilli 20,93 % des voix au premier tour de la présidentielle, presque 4 points de plus qu’en 2012, se plaçant troisième derrière Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, au coude-à-coude. Au second tour, elle a totalisé plus de 35 % des voix.
Sur les marchés de Sarlat-la-Canéda, du Bugue ou de Montignac, en cette première semaine de campagne, les équipes des candidats se croisent et échangent des amabilités ; dans les paniers des clients, sur les étals des commerçants, les tracts s’empilent. Mais il en manque toujours un. Celui du FN. Du parti d’extrême droite, on n’aperçoit guère que les initiales taguées ici et là à même le bitume des départementales.
Un air de déjà-vu pour Germinal Peiro, le député socialiste sortant qui ne se présente pas à sa succession. « Aux dernières départementales, ils n’ont pas fait campagne et ils ont fini à 20 % », se rappelle le socialiste, lors du déjeuner, devant une salade périgourdine. Un brin exaspéré, il ajoute : « Ils n’envoient jamais un candidat qu’on connaît, ils ne font pas une réunion publique. Donc vous ne pouvez pas aller leur porter la contradiction… Et ils font 20 % ! » Le candidat importe peu : « Les gens s’en foutent, ils votent Marine Le Pen », constate celui qui est élu dans la région depuis 1993.
Florence Joubert assume de ne pas se rendre aux réunions publiques qui, selon elle, « ne rassemblent plus personne », mais se défend d’être totalement absente. La candidate revendique toutefois une « autre façon de faire campagne » : « Je pense qu’il faut arriver à rester un peu… pas dans le silence, mais dans le respect de chacun. Nous ne sommes pas des VRP. » Et puis, il est vrai que le Front national possède « un socle d’électeurs solide, ils savent ce que nous représentons. »
Sous un soleil de plomb, François Coq et une partie de son équipe commencent à tracter. En ces « journées du terroir », organisées au moment du pont de l’Ascension, pas évident de toucher un habitant de la circonscription : parmi les visiteurs qui déambulent entre les animaux de la ferme et les stands de produits régionaux, il faut traquer les futurs électeurs dans le flot de touristes. Et parmi les locaux il ne faut pas se tromper non plus. « Elle, je sais que c’est droite-droite, donc ça n’est pas la peine », explique François Coq en apercevant une commerçante. Et ceux qui votent FN, les a-t-il repérés ? « Non, avoue-t-il. Mais j’en côtoie sûrement tous les jours, c’est évident. »
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