Législatives : au FN, la politique en famille ne concerne pas que les Le Pen
Législatives : au FN, la politique en famille ne concerne pas que les Le Pen
Par Jérémie Baruch, Mathilde Damgé, Audrey Travère, Vincent Nouvet, Sophie Dupont, Maxime Vaudano, Laura Motet, Eva Mignot, Clément Le Foll
Une trentaine de candidats frontistes aux élections législatives ont des liens familiaux avec d’autres cadres ou élus du Front national.
Les mésaventures politico-personnelles des Le Pen n’ont visiblement pas affecté le sens de la famille qui semble régner au sein du Front national. Qu’en travaillant avec son père et sa nièce, Marine Le Pen se soit fâchée avec le premier et brouillée avec la seconde, n’a pas découragé la vocation de ses ouailles à faire de la politique entre proches.
Selon le décompte du Monde, au moins une trentaine de candidats frontistes aux élections législatives des 11 et 18 juin ont des liens familiaux avec d’autres cadres ou élus du FN. Une proportion exceptionnelle par rapport aux autres partis politiques, où les dynasties et les fratries, si elles existent, restent rares.
Couples, fratries et dynasties de candidats
Dans la famille Le Pen, l’aîné Jean-Marie (88 ans) et la cadette Marion (27 ans) ont tous deux décidé de rester en retrait pour ces élections législatives. La présidente du FN, Marine Le Pen, est en revanche candidate pour la deuxième fois dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, à Hénin-Beaumont. A une centaine de kilomètres, c’est son beau-frère Philippe Olivier qui porte les couleurs du parti dans la 7e circonscription. Mais il faut parcourir près de 900 kilomètres pour atteindre la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales, sur laquelle le compagnon de Mme Le Pen, Louis Aliot (qui est par ailleurs le fils de l’ancienne patronne du FN dans l’Ariège), a jeté son dévolu.
Dans l’Hérault, un autre couple de frontistes aspire à entrer à l’Assemblée nationale : Guillaume Vouzellaud fait campagne dans la 9e circonscription, limitrophe de la première, où se présente sa femme France Jamet (la fille d’Alain Jamet, le cofondateur du FN).
Chez les Philippot, on connaissait déjà bien Florian, député européen et puissant bras droit de la présidente, candidat dans la 6e circonscription de Moselle. Son frère Damien a également plongé dans le bain de la politique : après avoir quitté l’institut de sondages IFOP, fin 2016, pour travailler sur la campagne présidentielle, il est candidat dans la 1re circonscription de l’Aisne. Leur père Daniel, conseiller régional des Hauts-de-France et conseiller de Marine Le Pen pour les questions éducatives, est quant à lui suppléant dans la 9e circonscription du Nord.
Car au FN, la passion de la politique se transmet également entre les générations. Bruno Bilde (12e du Pas-de-Calais) pourrait côtoyer sur les bancs du palais Bourbon sa mère Dominique (4e de Meurthe-et-Moselle), tout comme Jean-Marc De Lacoste-Lareymondie (1re de Charente-Maritime) et sa fille Marie-Hélène (1re du Haut-Rhin). Thibaut Monnier (8e d’Isère) pourrait quant à lui croiser sa belle-mère Sophie Robert (6e de la Loire) en cas d’élection.
En Haute-Vienne, on se présente également en famille. Nathalie et Vincent Gérard, frère et sœur, sont respectivement candidats dans la première et la troisième circonscription.
On retrouve également des liens, forcément plus discrets, entre candidats titulaires et suppléants. Dans le Val-d’Oise, deux sœurs jumelles de 24 ans sont candidates : Tiffany Alleau a hérité de la 8e circonscription, mais Mélody Alleau doit se contenter du poste de suppléante dans la septième. Dans les Côtes-d’Armor, Gérard de Mellon se présente comme remplaçant dans la 4e circonscription, tandis que sa femme Odile est en première ligne dans la deuxième. Dans le Pas-de-Calais, c’est la mère Marie-Christine Bourgeois qui porte les couleurs du FN dans la 6e circonscription, et le fils Quentin qui reste numéro deux dans la huitième. Dans l’Oise, enfin, la députée européenne Mylène Troszczynski ambitionne d’emporter la 4e circonscription, tandis que son beau-père Michel Guiniot lorgne sur la sixième.
Héritages familiaux
Une quinzaine de candidats frontistes sont par ailleurs liés par des attaches familiales à des personnalités locales du FN, qui se sont illustrés par le passé par des fonctions partisanes, des mandats ou des candidatures pour le compte du parti d’extrême droite.
Aurore Lahondès (7e circonscription du Maine-et-Loire) est la fille de Bernard Lahondès, maire de Sermaise.
Gilles Pennelle (6e d’Ille-et-Vilaine), conseiller régional de Normandie, est le frère de Guillaume Pennelle, qui siège au groupe FN de la région Bretagne.
Gauthier Bouchet (8e de Loire-Atlantique) est le fils de l’écrivain Christian Bouchet, qui fut secrétaire départemental adjoint et candidat FN à plusieurs reprises en Loire-Atlantique.
Marie de Kervéréguin (1re d’Isère) est la fille de Marie-Christine de Penfentenyo (conseillère municipale et régionale dans le Rhône dans les années 1990 et 2000).
Fabienne Delacour (1re de l’Eure) est la femme de Christophe Delacour, conseiller municipal aux Andelys (Eure).
Séverine Werbrouck (5e de Charente-Maritime) est la femme de Pascal Markowsky, candidat FN à plusieurs élections depuis les années 1990 et ancien secrétaire départemental du MNR en Charente-Maritime.
Angélique Ranc (3e de l’Aube) est la femme de Guilhem Ranc, candidat aux municipales 2014 à Saint-André-les-Vergers (Aube).
Rachel Cointet (3e de Charente-Maritime) est la femme de Frédéric Orski, secrétaire à la propagande du FN en Charente-Maritime et candidat aux départementales en 2015.
Dadou Jacob dit Luzie-Albertini (2e de Haute-Corse) est la fille de Robert – Octave Jacob dit Luzie-Albertini, l’ancien secrétaire départemental du FN en Haute Corse.
Hélène Laporte (2e du Lot-et-Garonne) est l’héritière d’une lignée frontiste : son grand-père Jacques était candidat aux législatives en 1997, sa mère conseillère municipale d’opposition à Villeneuve-sur-Lot ( Lot-et-Garonne) et le compagnon de celle-ci, Daniel Cadiot, fut candidat aux départementales en 2015 et 2016.
Marie-Amélie Dutheil de la Rochère (4e de Moselle) est fille de Bertrand Dutheil de la Rochère, conseiller régional d’Ile-de-France et trésorier du Rassemblement Bleu Marine. Elle est aussi la cousine de Ludovine de la Rochère, la présidente de la Manif pour tous, et était assistante parlementaire du député européen Florian Philippot.
Justine Dieulafait (3e d’Ille-et-Vilaine) est la fille de Michel Dieulafait, qu’elle a épaulé dans sa campagne pour les départementales en 2015.
Ludovic Pajot (10e du Pas-de-Calais) est le fils de Marie-Paule Pajot, qui fut candidate suppléante de Karine Haverlant aux élections départementales de 2015 dans le canton de Lillers.
Jean-Romée Charbonneau (2e des Deux-Sèvres) est quant à lui le fils d’Henry Charbonneau, un écrivain nationaliste passé par l’Action française, la Milice vichyste et Ordre nouveau. Il est également le beau-fils de l’écrivain nazi belge Léon Degrelle (1906-1994), avec qui sa mère s’est remariée.
Sophie Montel (4e du Doubs) est la femme de Robert Sennerich, qui fut conseiller régional de Franche-Comté. Son père, chirurgien-dentiste, fut lui aussi militant FN.
Emmanuelle Ménard (6e de l’Hérault) est l’épouse du maire de Béziers, Robert Ménard.
Quant à Olivier Bettati (4e des Alpes-Maritimes), il est le gendre d’une ancienne sénatrice et élue locale UMP, Hélène Masson-Maret. Lui-même avait longtemps milité dans le parti de droite avant de rejoindre le FN pendant la campagne des régionales, en 2015.