Qui sont Marcel et Jacqueline Jacob, mis en examen dans l’affaire Grégory ?
Qui sont Marcel et Jacqueline Jacob, mis en examen dans l’affaire Grégory ?
Le Monde.fr avec AFP
Le grand-oncle et la grand-tante de Grégory Villemin, retrouvé mort en 1984 à l’âge de 4 ans, ont été mis en examen, vendredi, pour enlèvement et séquestration suivie de mort.
Trente-deux ans après que le corps sans vie de Grégory Villemin, 4 ans, a été découvert pieds et poings liés dans la Vologne, l’une des plus grandes énigmes criminelles françaises continue de progresser.
Deux membres de la famille Villemin ont été mis en examen, vendredi 16 juin à Dijon, pour enlèvement et séquestration suivie de mort. Marcel Jacob, oncle maternel de Jean-Marie Villemin (le père de l’enfant assassiné), 71 ans, et sa femme Jacqueline, 72 ans, avaient été placés en garde à vue mercredi. « Les deux mis en examen ont nié en l’état toute participation aux faits reprochés », a déclaré, vendredi, le procureur général de Dijon.
Arbre généalogique de la famille Villemin. | Infographie « Le Monde »
Marcel Jacob, grand-oncle de Grégory et proche de Bernard Laroche
Marcel Jacob, 71 ans, est l’oncle maternel de Jean-Marie Villemin, le père de Grégory. Soupçonné de complicité d’assassinat, de non-dénonciation de crime, de non-assistance à personne en danger et d’abstention volontaire d’empêcher un crime, il avait été interpellé mercredi dans le village d’Aumontzey (Vosges).
En garde à vue, il s’est contenté d’affirmer qu’il ne se rappelait rien face aux gendarmes qui tentent de percer le mystère de la mort du petit garçon. Vendredi, il a été mis en examen pour enlèvement et séquestration suivie de mort. Marcel Jacob a nié les faits.
Ce dernier a déjà été soupçonné, durant la procédure, d’avoir endossé le rôle du corbeau ayant revendiqué le meurtre de l’enfant, en invoquant une « vengeance » dans une lettre postée apparemment avant la découverte du corps. Une lettre anonyme avait fait état d’une altercation entre deux frères de Jean-Marie dont il avait été le seul témoin. L’incertitude planait à l’époque sur son emploi du temps au moment du meurtre, mais il n’avait jamais été inquiété par la justice jusque-là.
Décrit comme ayant un caractère affirmé, cet ancien ouvrier était en mauvais termes avec Albert Villemin, le mari de sa grande sœur Monique, et surtout avec leur fils, Jean-Marie, père de Grégory, dont il considérait l’ascension sociale illégitime.
Vendredi, le procureur général de Dijon, Jean-Jacques Bosc, a estimé que M. Jacob « dissimule contre l’évidence ses antagonismes parfois violents avec les parents de Grégory, ce qui rend ses déclarations peu crédibles ». A titre d’exemple, le procureur a rappelé que l’intéressé avait lancé lors d’une dispute avec Jean-Marie Villemin, en décembre 1982 : « Je ne serre pas la main d’un chef ». Or le mot « chef » se retrouve dans un certain nombre d’écrits et d’appels anonymes incriminés.
Marcel Jacob était particulièrement lié à son neveu Bernard Laroche, premier suspect de l’affaire, libéré puis assassiné en 1985 par Jean-Marie Villemin, son cousin.
Marcel Jacob et Bernard Laroche étaient voisins et se rendaient visite régulièrement, « même si au début de l’enquête, Marcel Jacob s’était efforcé de dissimuler cette amitié », avaient rappelé les juges dans un arrêt de 1993.
Jacqueline Jacob : les analyses « confondantes » d’une lettre de menaces
Mise en examen, vendredi, pour enlèvement et séquestration suivie de mort, Jacqueline Jacob, 72 ans, avait gardé jusqu’alors une remarquable discrétion depuis le début de l’affaire. Interpellée mercredi en même temps que son mari, elle est aussi restée mutique durant sa garde à vue.
Jamais interrogée durant les cinq premières années d’enquête, elle avait été convoquée une première fois en décembre 1989 par le juge d’instruction. Finalement entendue deux ans plus tard, elle s’était montrée réticente à répondre aux questions.
Pourtant, l’épouse de Marcel Jacob avait été désignée par deux expertises graphologiques comme pouvant avoir écrit une des lettres du corbeau. Son emploi du temps du mardi 16 octobre 1984, jour de la découverte du corps de l’enfant dans les eaux de la Vologne, ainsi que les activités de son mari, n’ont jamais pu être reconstitués avec certitude. « L’éventualité d’une absence momentanée de leur lieu de travail ne saurait être exclue », avaient considéré les enquêteurs de l’époque.
Ce sont les récentes conclusions de nouvelles expertises d’une lettre de menaces, manuscrite et anonyme, adressée en 1983 au père de Grégory, qui se sont révélées « confondantes » pour Jacqueline Jacob. Selon une source proche du dossier, des documents écrits par la grand-tante de Grégory « ont été retrouvés en perquisition » à des fins de comparaison.
Les enquêteurs s’étaient déjà penchés à de nombreuses reprises, dans le passé, sur un mystérieux corbeau. Si les expertises n’ont pas permis d’en identifier l’auteur, « on peut cependant observer une similitude importante des termes » utilisés dans ce document avec la lettre de 1983, a relevé jeudi le procureur général de Dijon. « Des mots reviennent, notamment celui du “chef” », surnom de Jean-Marie Villemin, a ajouté Jean-Jacques Bosc.
Affaire Grégory : « plusieurs personnes » ont concouru au crime, selon le procureur
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