Le Français Alain Caparros prend la direction de la filiale européenne de C&A
Le Français Alain Caparros prend la direction de la filiale européenne de C&A
Par Juliette Garnier
Après presque 11 ans à la tête de l’enseigne allemande de supermarchés Rewe, il devra conduire la transformation de l’enseigne d’habillement.
Changement de culture en perspective à la tête de C&A. L’enseigne allemande d’habillement a annoncé, mercredi 21 juin, la nomination d’Alain Caparros à la tête de sa filiale européenne. Le Français s’apprête à quitter ses fonctions de président de Rewe, groupe allemand de supermarchés et d’agences touristiques (50 milliards d’euros de chiffre d’affaires). L’assemblée générale des actionnaires de Rewe doit voter, lundi 26 juin, la nomination d’un autre Français, Lionel Souque, PDG de Rewe Allemagne, pour le remplacer.
Alain Caparros jouit d’une bonne réputation dans le secteur de la grande distribution. La façon dont, onze durant, il a redressé le groupe Rewe a été saluée par ses pairs. A tel point que son nom avait circulé maintes fois comme possible successeur de Georges Plassat aux commandes du groupe français Carrefour, numéro deux mondial de la distribution. C’est finalement Alexandre Bompard, patron du groupe Fnac-Darty, qui a été choisi.
A compter du 1er août, M. Caparros, qui aura 61 ans en septembre, occupera le poste de directeur général de C&A en Europe, en remplacement de Philippe Brenninkmeijer, descendant de Clemens et August Brenninkmeijer, fondateurs de l’enseigne en 1841.
Crise sans précédent
Sa désignation constitue une première au sein de cette entreprise qui appartient toujours aux descendants des deux entrepreneurs allemands. La majorité des postes opérationnels de C&A sont aux mains de membres de la famille Brenninkmeijer.
« Avec Alain Caparros, nous estimons que C&A possède le bon dirigeant pour assurer la transformation de C&A en Europe », a fait valoir Martin Brenninkmeijer, PDG de la holding familiale, Cofra, installée en Suisse.
La tâche de M. Caparros sera lourde. Le groupe aux 2,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires est traversé par une crise sans précédent. Dans les années 1990, H&M lui a fait du tort, en Allemagne, d’abord, puis dans tous les pays où l’enseigne suédoise s’est installée, dont la France voilà vingt ans. Son concept de grandes surfaces de vêtements implantées en centre-ville et dans les centres commerciaux (2 000 points de vente dans le monde) s’est vu ensuite dépassé par la concurrence d’Internet.
Suppression d’emplois
Le groupe de Düsseldorf a vu son chiffre d’affaires reculer de 3,5 % sur l’exercice 2015-2016, clos fin février. A tel point qu’il a annoncé 230 suppressions d’emplois dans ces sièges sociaux de Düsseldorf, en Allemagne, et de Vilvoorde, en Belgique.
La France, son deuxième marché européen, après l’Allemagne, n’échappe pas à la crise. L’enseigne, qui y est présente depuis 1972, y exploite 172 points de vente. En 2016, elle a rendu les clefs du site de 5 400 m² du boulevard de la Madeleine à Paris (8e arrondissement). Soit trois ans tout juste après y avoir inauguré un nouveau concept de magasin censé relancer ses ventes.
Fin 2016, le groupe a chargé Tarek Hosni de redresser cette filiale mal en point. Ce spécialiste de la restructuration d’entreprises a mis C&A au « régime sec » dans l’Hexagone, d’après le syndicat Force ouvrière (FO), lui imposant une « suspension de son expansion et le gel des embauches ». L’entreprise afficherait « un déficit de 90 millions d’euros », d’après les élus.