Emmanuel Macron a annoncé jeudi 22 juin qu’il voulait permettre plus facilement le croisement des fichiers S et des permis de détention d’arme, en passant éventuellement par des amendements législatifs au texte de loi sur le terrorisme présenté en conseil des ministres le matin.

Le président de la République a qualifié de « dysfonctionnement » le cas d’Adam Djaziri, auteur de l’attentat manqué lundi à Paris, fiché S et propriétaire d’armes légalement. « J’ai demandé ce matin en conseil de défense au ministre de l’intérieur de proposer sous huit jours un plan d’action très précis », a-t-il précisé.

« Le fichier S [géré par les services de renseignement] n’a pas vocation jusqu’à aujourd’hui à être partagé avec d’autres services de l’Etat et donc, sauf cas très particulier, pas partagé par les préfectures qui octroient ces permis d’armes », a rappelé le président. « Cette situation n’est pas satisfaisante et ne nous permet pas de lutter efficacement contre le terrorisme », a-t-il estimé.

« Croisements »

Pourtant, les gendarmes qui ont enquêté sur Adam Djaziri lors de sa demande de renouvellement de permis en novembre 2016 ont bel et bien consulté le Fichier des personnes recherchées (FPR), dans lequel se trouvent, entre autres, les fichés S – ils y sont parfaitement autorisés. Lorsqu’ils se sont aperçus qu’il était fiché, ils ont contacté l’antenne locale de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui a préféré que le permis soit renouvelé, pour ne pas éveiller ses soupçons. Dans le cas d’Adam Djaziri, les règles de consultation du fichier ne sont donc pour rien dans la décision de lui laisser ses armes.

« Dès hier après-midi, un télégramme a été adressé par le ministre de l’intérieur à l’ensemble des préfets, qui leur a demandé de revoir l’intégralité des fichiers de détenteurs d’armes pour pouvoir opérer ces croisements », a détaillé M. Macron. Le président de la République a assuré que de telles procédures nécessiteraient des modifications de la loi.

Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, avait déjà demandé une « nouvelle évaluation » des personnes fichées pour radicalisation susceptibles de détenir légalement une arme. « En l’état actuel du droit, l’autorisation de détention d’armes ne peut pas être retirée de manière systématique à une personne qui fait l’objet d’un suivi », avait observé M. Collomb.