La chancelière allemande, Angela Merkel, lors d’un entretien au magazine « Brigitte », le 26 juin à Berlin. | TOBIAS SCHWARZ / AFP

Angela Merkel assouplit sa position sur le mariage homosexuel. Interrogée par le magazine féminin Brigitte au théâtre Maxime-Gorki de Berlin, lundi 26 juin, la chancelière allemande a déclaré qu’elle était favorable à une discussion qui « aille dans le sens d’une prise de décision en conscience ». Jusqu’à présent, son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), a toujours affirmé son opposition au mariage homosexuel.

A trois mois des élections législatives allemandes du 24 septembre, la prise de position de Mme Merkel prend ses adversaires de court. Ces derniers jours, le Parti social-démocrate (SPD), les Verts et le Parti libéral-démocrate (FDP) avaient affirmé qu’ils ne signeraient aucun « contrat de coalition » dans lequel ne serait pas prévue l’adoption d’une loi sur le mariage homosexuel. En se déclarant ouverte à la « discussion », la chancelière-candidate tente de désamorcer par avance la pression que ses adversaires pourraient vouloir exercer sur elle durant la campagne, ironisant, au passage, sur ces partis qui font d’une « question intime » un « objet de congrès et d’affiches » à la veille des élections.

« Votons dès cette semaine ! »

Politiquement, la prise de position de Mme Merkel n’est pas seulement habile. Elle est également peu risquée. D’après les enquêtes d’opinion, une large majorité d’Allemands est en effet pour le mariage homosexuel. Selon le dernier baromètre politique de la chaîne ZDF, publié le 23 juin, 73 % des personnes interrogées se disent ainsi favorables à son adoption. Parmi les sympathisants du SPD, des Verts et de Die Linke (gauche radicale), ils sont plus de 80 %. Mais même au sein de la CDU, cette opinion est majoritaire : selon le sondage de la ZDF, 64 % de ses sympathisants se disent d’accord avec l’idée que les homosexuels puissent se marier et bénéficier des mêmes droits que les couples hétérosexuels, notamment en matière d’adoption. Un droit qui ne figure pas dans la loi sur le « partenariat de vie » – l’équivalent allemand du pacs français – en vigueur depuis 2001.

Prenant la chancelière au mot, plusieurs responsables politiques allemands ont, depuis lundi soir, proposé de ne pas attendre les élections législatives pour que le Bundestag débatte du mariage homosexuel. Certains ont même avancé l’idée que les députés profitent de la dernière semaine de la session parlementaire, qui s’achève vendredi, pour se prononcer sur la question. « Votons dès cette semaine ! », a ainsi tweeté, mardi matin, Katrin Göring-Eckardt, coprésidente du groupe des Verts au Bundestag et chef de file des écologistes aux législatives. « Merci Angela Merkel ! Quelle libération ! De mon point de vue, nous pourrions très bien voter cette semaine », avait tweeté, quelques heures plus tôt, Stefan Kaufmann, député CDU du Bade-Wurtemberg.

La déclaration surprise d’Angela Merkel est enfin une réponse à son principal adversaire, Martin Schulz, qu’elle devance nettement dans les sondages. Dimanche, le président du SPD l’avait accusée de n’avoir aucun programme et de « taire de façon systématique les débats sur l’avenir du pays ». Une attitude qu’il a qualifiée d’« affront à la démocratie ».

Interrogée, lundi soir, sur cette expression, la chancelière s’est voulue à la fois ironique et magnanime. « Apparemment, la campagne est un peu éreintante. Le Schulz que j’ai toujours connu n’est pas comme ça. Mais, allons, passons à autre chose ! »