La rencontre d’Arles et des Hauts-de-France
La rencontre d’Arles et des Hauts-de-France
Par Claire Guillot
Xavier Bertrand a annoncé la création d’un institut de la photographie lié au festival.
Portrait de Xavier Bertrand à Paris, le 28 septembre 2015. | JULIEN MIGNOT POUR "LE MONDE"
Comme souvent, la semaine d’ouverture des 48es Rencontres d’Arles s’est achevée avec une annonce en présence de la ministre de la culture. En l’occurrence Françoise Nyssen, ancienne directrice des éditions Actes Sud, qui s’est permis quelques libertés avec le protocole sur ses terres arlésiennes. Mais samedi 8 juillet, ce n’est pas l’Etat qui a annoncé la création d’une institution d’ampleur consacrée à l’image fixe : Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, a lancé le projet d’un institut de la photographie sur son territoire, en lien avec le festival d’Arles. Une mission de préfiguration a été confiée au directeur des Rencontres, Sam Stourdzé, tandis qu’Anne Lacoste, son ancienne collègue au Musée de l’Elysée, à Lausanne, est chargée de mission sur ce projet et s’installera à Lille prochainement.
« Nous avons fait le pari de la culture », a déclaré Xavier Bertrand, en rappelant que sa région s’est engagée à faire passer le budget consacré à la culture « de 70 à 110 millions d’euros en cinq ans ». L’institut, qui devrait occuper un lieu d’une superficie de 6 000 à 8 000 mètres carrés situé dans l’agglomération lilloise, aura un budget de fonctionnement de 3 à 6 millions d’euros par an, et « aura la région comme principal financeur », a-t-il précisé. Xavier Bertrand a listé les missions ambitieuses de cet institut : organiser des expositions et une biennale ; soutenir la recherche et la formation des curateurs en octroyant des bourses ; avoir un rôle pédagogique et de médiation ; publier un magazine et des livres. Il est aussi prévu qu’il prenne en charge la conservation de fonds de photographie dans des locaux adaptés.
Un point épineux en France, où la question des fonds photo est en jachère depuis l’abandon, en 2012, d’un grand centre prévu par l’Etat à Arles, adossé à l’Ecole nationale supérieure de la photographie. Celui-ci avait été mis au point par la mission pour la photographie, entité défunte et désormais remplacée par une délégation à la photographie au ministère. « L’institut ne sera pas le seul à prendre la conservation en charge, a précisé Sam Stourdzé. Soit on veut une grande institution et on risque de l’attendre longtemps – le temps n’est plus aux superstructures. Soit on s’y met petit à petit et on invente un nouveau modèle, placé sous le signe de la collaboration et de la fédération. » Les institutions consacrées à la photographie dans les Hauts-de-France avaient été conviées à Arles pour assister à la conférence de presse.
De Calais à Fukushima
Le projet marque un développement supplémentaire pour les Rencontres, qui ont, depuis 2016, un festival jumeau en Chine, à Xiamen. Et pour cette première semaine d’ouverture, les chiffres de fréquentation sont au beau fixe : 17 500 festivaliers ont visité les expositions, soit 15 % de plus qu’en 2016. Les trois soirées au Théâtre antique ont attiré du monde, en particulier celle avec la portraitiste Annie Leibovitz, qui a projeté ses derniers travaux en version accélérée. La création de nouveaux lieux à l’esprit « friche », dont l’agréable Croisière, permet au festival d’avoir un maillage plus régulier dans la ville, l’église Saint-Césaire attirant, elle, de plus en plus de festivaliers avec son festival de réalité virtuelle.
Si l’édition 2017 se distingue par son nombre record d’expositions muséales et historiques, les prix ont, quant à eux, récompensé des travaux en prise directe avec les troubles contemporains. Le Prix découvertes, désormais attribué aux travaux d’un photographe sponsorisé par sa galerie, a été décerné à Carlos Ayesta et Guillaume Bression, de la galerie 247, à Paris, qui ont travaillé sur Fukushima. Le Prix du livre d’auteur est allé à l’ouvrage de Henk Wildschut, Ville de Calais (GwinZegal, 55 euros), qui étudie les architectures créatives de la « jungle » désormais démantelée. Enfin, le Prix de la maquette a récompensé un travail sur la ville de Grozny, Nine Cities. Les 40 expositions restent ouvertes à Arles jusqu’au 24 septembre.