Teddy Riner sait compter jusqu’à neuf (sur ses doigts). / ATTILA KISBENEDEK / AFP

Le judo est un sport qui se pratique en kimono et à la fin, c’est Teddy Riner qui gagne. Face au Brésilien David Moura et malgré une douleur au genou, le colosse français a remporté son neuvième titre mondial en individuel (plus un par équipe) et s’installe un peu plus dans la légende de son sport.

Arrivé à Budapest sans avoir disputé un seul combat depuis sa finale à Rio, le 12 août 2016, Riner a décroché une 134e victoire consécutive. C’est bien simple : depuis la finale des mondiaux 2010 à Tokyo, Teddy Riner n’a pas perdu le moindre combat. Une série d’invincibilités de sept ans qui pourrait même être plus impressionnante : depuis quelques années Teddy Riner combat peu, pour préserver son corps et être performant lors des moments importants. Évoluant au plus haut niveau depuis 2007 (année de son premier titre mondial, à Rio), le Français de 28 ans ménage son outil de travail.

Teddy Riner peut encore améliorer cette série : il répète depuis longtemps vouloir combattre jusqu’aux Jeux olympiques de Tokyo, en 2020, au pays du judo. Interrogé par Le Monde sur son rapport à la défaite, avant son huitième titre mondial, il expliquait :

« À chaque fois que je fais une compétition, je me dis que ça peut arriver. Maintenant, c’est à moi de faire ce qu’il faut. Mais je ne me cherche pas d’excuse. Si je perds, c’est que j’ai trouvé plus fort. »

Pour l’instant, il n’a pas encore trouvé. Même bousculé en demi-finale par le jeune Guram Tuchichvili, Riner s’en est sorti. Il risque cependant de ne jamais pouvoir dépasser la légende du judo Yasuhiro Yamashita : le poids lourd japonais avait terminé sa carrière en 1985 sur une série de 203 matches sans la moindre défaite.

 

Le judoka le plus titré de l’histoire

Teddy Riner détient ce record depuis quelque temps déjà. A seulement 23 ans, il est devenu en 2011 à Paris quintuple champion du monde. Il dépassait ainsi David Douillet et les Japonais Yasuhiro Yamashita, Naoya Ogawa et Shozo Fujii, tous titrés à quatre reprises - ces hommes combattaient à une époque où les Mondiaux n’avaient pas lieu tous les ans.

Dans sa quête pour devenir « le plus grand judoka », Riner s’était ensuite attaqué au record de Ryoko Tani, sept fois championne du monde entre 1993 et 2007 en moins de 48 kg. Quelques jours avant d’obtenir son huitième titre mondial au Kazakhstan, le Français expliquait tirer sa motivation de cette chasse aux records : « Quand j’en aurai fini avec Ryoko Tani, je m’attaquerai aux Jeux de 2016 et j’essaierai de rentrer en confrontation avec Nomura. »

Tadahiro Nomura, en moins de 60 kg, est le seul triple champion olympique (1996, 2000, 2004) du judo. C’est à Tokyo que Riner aura l’occasion de l’égaler. La quadruple couronne olympique est difficilement accessible : aux Jeux de 2024, sans doute à Paris, Teddy Riner aura 35 ans et 17 ans de carrière au plus haut niveau. Pour l’instant, celui qui a joué un rôle important dans la candidature parisienne laisse planer le doute sur sa présence sur les tatamis de Bercy dans sept ans.

L’un des plus grands champions français

Avec ce nouveau titre mondial, Riner rejoint Sébastien Loeb (rallye) et Anne-Caroline Chausson (VTT) parmi les nonuples champions du monde français. Mais si Loeb et Chausson ont pris leur retraite, le judoka peut encore espérer améliorer son palmarès.

Un dixième titre à Baku en 2018 lui permettrait ainsi d’égaler Patrice Martin (dix titres mondiaux de ski nautique en individuel), et Félicia Ballanger, décuple championne du monde en cyclisme sur piste.

Riner devrait en revanche avoir du mal à rejoindre Philippe Quintais, qui a régné pendant 20 ans sur la pétanque avec douze titres mondiaux, et Jeannie Longo, qui détient treize titres de championne du monde de cyclisme, sur route (9) et sur piste (4).