Le polémiste Kémi Séba brûlera désormais ses francs CFA depuis Paris
Le polémiste Kémi Séba brûlera désormais ses francs CFA depuis Paris
Par Salma Niasse (contributrice au Monde Afrique à Dakar)
L’activiste franco-béninois est sous le coup d’une expulsion du territoire sénégalais. Kémi Séba serait une « menace grave pour l’ordre public » selon le gouvernement.
L’activiste Kémi Séba passe actuellement ses dernières heures sur le sol sénégalais dans les locaux du commissariat de l’aéroport de Dakar. Et pour cause, un décret ministériel datant du 5 septembre 2017, « a prononcé une mesure d’expulsion du territoire national sénégalais, à l’encontre du ressortissant franco-béninois Stélio Gilles Robert Capo CHICHI, alias Kémi SEBA », souligne-t-on dans un document rendu public par le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique, dans la soirée du 6 septembre. Une décision « immédiatement exécutoire » puisque Kémi Séba est accusé d’être « une menace grave pour l’ordre public ».
Le 19 août à Dakar, le militant radical avait brûlé en public un billet de 5 000 francs CFA (7,60 euros). Le geste de Séba, connu pour ses positions anti-impérialistes, lui a valu d’être arrêté le 25 août. Il a été acquitté par un tribunal de Dakar le 29 août.
Un « acte illégal et criminel » pour son avocat
Mais selon son avocat, Maître Khoureychi Ba, la mesure d’expulsion est un « acte illégal et criminel puisqu’il n’y a plus de gouvernement au Sénégal depuis le 5 septembre ». Le premier ministre a rendu sa démission hier, avant d’être reconduit par le président Macky Sall ce matin. « Leurs fonctions ministérielles ont alors été prolongées », s’indigne Me Ba. « De plus, le délai du recours est suspensif. Or, la police de l’aéroport a refusé la notification du recours qu’on a déposé à la Cour Suprême alors qu’on était dans les heures légales ».
Autant donc dire que les chances, pour Kémi Séba, de rester à Dakar sont devenues infimes. Selon les informations obtenues par Le Monde Afrique, il devrait être embarqué dans le vol Air France de 20 heures.
Soutenu par le rappeur Thiat
L’activiste a été arrêté ce matin, à son domicile de Sacré-Coeur par les éléments de la police de l’immigration qui ne lui ont notifié son rapatriement qu’une fois dans les locaux de la police des étrangers, à Dieuppeul, dénonce son avocat. « Ils ont demandé à son épouse de ramener ses valises parce qu’il a été arrêté sans rien. Pourtant, en matière d’extradition, il y a un délai de dix mois pour organiser sa défense. »
Le mouvement « yen a marre » a fait le déplacement à l’aéroport pour le soutenir, assure Fadel Barro, un des membres du groupe. D’ailleurs, le rappeur Thiat, qui protestait contre l’expulsion de l’activiste, a lui aussi été arrêté avant d’être relâché peu de temps après par les forces de l’ordre.